Ishigaki : la presse ne connait pas la crise

Nous avions lu que la presse écrite japonaise ne connaît pas la crise…

Nous avons pu le vérifier !

Tout commence par la rencontre avec Yuri à l’office du tourisme. Son mari, Kiyohisa est journaliste au Yaeyama Mainichi Shimbum, l’un des deux quotidiens d’Ishigaki. De tendance libérale, il tire à 16’000 exemplaires alors que son concurrent conservateur ne dépasse pas les 6000 exemplaires. Soit au total 22’000 exemplaires pour une population de 50’000 habitants : de quoi faire rêver les éditeurs européens !

Et ces journaux sont lus, comme nous avons pu nous en rendre compte…

Mardi, Kiyohisa est venu nous interviewer et, passionné par l’aventure de Chamade, il convaincu son rédacteur en chef de nous consacrer la une de la page régionale.

Et depuis, c’est tout juste si on ne met pas nos lunettes noires pour sortir en ville.

Que ce soit au Café Taniwha, le rendez-vous des yachties de passage en mars-avril, mais bien déserté en ce creux de décembre…

Kuri San et Fusa San, anciens yachties et tenanciers du Café Taniwha

Au restaurant où nous emmènent Yuri et Kiyo…

Au musée d’art « Nie »

A Kabira Bay où l’on s’arrête pour manger un bol de Soba

Partout, à peine entrés que nous sommes accueillis par un « Yoto… yoto ! » exclamatif… (voilier !)

Partout il faut poser pour la photo souvenir, partout on nous reçoit comme des VIP !

Même aux douanes et à l’Immigration où nous avons été faire notre « Clearance » (notre sortie, anticipée vu qu’on part un dimanche), partout on nous montre l’article du Yaeyama Mainichi, et les démarches sont réglées en un tournemain.

Et le plus fier c’est Kiyo lui-même. Ce n’est pas tous les jours, nous dit-il, qu’il a un retour aussi spectaculaire et gratifiant sur son travail !

Mais le plus comique, c’est que nous ne savons toujours pas ce qu’il a écrit dans son article… Faut-il rappeler qu’ici nous sommes juste des VIP analphabètes.

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S’il est une particularité japonaise, c’est bien l’excellente santé de sa presse quotidienne. Les tirages des grands quotidiens de Tokyo se comptent par millions et les Japonais sont très friands de presse écrite. Ainsi à Ishigaki, beaucoup n’hésitent pas à acheter les 2 quotidiens pourtant fort différents en matière de ligne éditoriale.

La clé de l’énigme, nous l’avons trouvée dans l’excellent bouquin de la journaliste Karyn Poupée intitulé « les Japonais » et publié chez Tallandier. Selon cette journaliste française qui vit depuis de longues années au Japon, comme la culture japonaise pousse à éviter tous les sujets de discorde pour favoriser l’harmonie, il est très rare que les Japonais expriment leur opinion. Ils délèguent en quelque sorte aux journalistes la fonction d’exprimer une opinion ou une critique.

Débattre et d’affirmer sa position par délégation : encore un des mystères du Japon.

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