Grise mine

On ne pourra pas dire que les débuts de cette remontée de la côte ouest du Japon se sont passés sous les meilleurs auspices. Météorologiquement parlant en tout cas.

En ce début de printemps, l’inversion de la mousson se traduit par une succession de dépressions, de jours de pluie, de coups de vent ou de calme quasi absolu.

De Hagi, et des ses vieux quartiers noyés sous la pluie on ne gardera le souvenir que du musée de la céramique et de sa splendide collection  contemporaine. Et aussi du magnifique jardin japonais du restaurant Hotoritei dont les ramens ont su réchauffer nos tripes noyées dans la grisaille.

Plus au nord, Yonotsu.

Son petit port niché au fond d’une anfractuosité vit aujourd’hui du poisson et de ses deux onsens aux vertus si célèbres qu’on y vient de tout le Japon pour se plonger dans l’un des deux établissements désuets. On a testé pour vous… enfin si l’on peut dire, puisque si dans le premier la température y est à la limite du supportable, dans le second on s’y brûle ! Après quelques minutes on bat en retraite sous l’œil narquois de 3 solides gaillards qui cuisent à petit feu, apparemment avec délice !

Mais ce n’est pas ces deux « soupières » qui ont inscrit Yonotsu au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est plutôt une question d’argent : pas de « fric » mais de l’argent, le métal. Yonotsu fut longtemps le port d’exportation des mines d’argent d’Iwami Ginzen située 13 kilomètres plus haut dans la montagne.

Ici au 17ème siècle le Japon réalisait un tiers de la production mondiale annuelle d’argent. Le Shogunat Tokugawa y régnait en maître alors que le bas peuple s’exténuait dans plus de 500  veines de 1,2m de haut et de 60 cm de large.

Puis, après raffinage, les lingots étaient acheminés à dos d’homme jusqu’à Yonotsu. Solidaires, nous avons remontés à pied trois heures durant le chemin des mineurs. Belle balade solitaire par monts et par vaux avant de redescendre jusqu’à la mine (aujourd’hui bien élargie et aménagée pour permettre la visite des nombreux touristes qui arrivent en car par l’autre bout de la vallée).

Matsue ensuite où l’accueil est tout d’abord plutôt difficile. On ne veut pas de nous dans le port de pêche d’Etomo, pourtant à moitié vide. Je leur montre alors l’autorisation du ministère des transports, mentionnant clairement Etomo. Ils ont l’air étonné, font des photocopies du document, m’emmène au bureau pour remplir des papiers puis finissent par nous accorder une place tout au fond du bassin, parfaitement protégé. Pinailleurs peut-être, mais pas antipathique, loin de là ! Puisque lorsqu’on leur demande où se trouve l’arrêt de bus pour aller à Matsue, distant de 12 kilomètres, ils nous proposent immédiatement de nous y emmener en voiture !

Et hop, visite du magnifique château, l’un des 12 totalement en bois encore debout au Japon !

Puis on se retrouve devant l’arrêt de bus, à tenter de déchiffrer l’horaire. C’est alors que Keito nous propose de l’aide dans son anglais hésitant, nous confirme qu’on est bien à la bonne place et que le bus est dans 3 minutes… tout en ajoutant… « Mais ma voiture est là… venez, je vous y emmène » ! On aurait bien voulu l’inviter à prendre un verre mais Keito est attendu par sa famille. Il visite rapidement le bateau, prend quelques photos et repart… Il aura fait 25 kilomètres, comme ça, juste pour faire plaisir de rendre service ! Tellement japonais !

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