Voir Nakhodka et survivre

(Par Sylvie)

Sous le soleil couchant, le petit yacht club d’Antares nous est apparu comme un havre certes isolé de tout, mais agréable. Accueil chaleureux, douche chaude, entre la mer et un petit lac…tout bien quoi. L’escale à Nakhodka, à 100 km à l’est de Vladivostok, s’annonçait sous les meilleures auspices.

Sauf que…le ciel a décidé de nous tomber sur la tête. Il pleut des hallebardes. Et si, histoire de conjurer le cafard, on allait faire un tour à Nakhodka ? Le chauffeur du taxi qui se pointe sur la piste boueuse qui mène au yacht club est Tchétchène. Il a travaillé en Bulgarie, à Moscou et je ne sais où encore, avant de finir dans la ville portuaire de Nakhodka. La Russie lui convient bien, mais ce qu’il déteste, ce sont les religions. Ça tombe bien puisqu’on lui demande de nous conduire jusqu’à la cathédrale orthodoxe qui domine le port noyé dans les brumes et le charbon. Pas de quoi soigner la déprime qui commence à nous envahir.

Nous cherchons le centre ville. Nous croyons l’avoir trouvé en découvrant Lénine, qui bien loin de montrer le chemin vers un avenir radieux, déprime, lui aussi, l’air songeur, face à la glauquitude du lieu où on l’a planté.

« Le centre ? de quoi parlez-vous ? » nous demande le passant que Catherine interroge et qui met un quart d’heure à lui expliquer que le centre, ça n’existe pas à Nakhodka. En revanche il existe le Jili Bili, un restaurant ukrainien qui, dans un décor très printanier fait un excellent borch. Lequel, agrémenté de quelques liqueurs offertes par la maison, nous remet momentanément un peu de baume  sur le cœur.

Vu ce qui nous attend dehors, mieux vaut aller visiter le musée de la ville. Nous y posons le pied comme Neil Armstrong a posé le pied sur la lune. Comment ? Des Suisses, ici ? Quel honneur ! Du coup nous avons droit à une visite guidée par trois personnes qui cherchent à restaurer la mémoire fracassée de la ville, terminal charbonnier pour lequel on a prolongé la ligne du transsibérien. Un port par lequel transitaient les déportés au goulags de Sakhaline et Magadan souvent obligés de rester là pendant des mois, en attendant – comme nous –  une météo favorable.

Ce sont eux qui ont construit les infrastructures de Nakhodka qui a pu prospérer tant que Vladivostok était une zone fermée. C’est à dire jusqu’à la Perestroïka. Mais désormais c’est une autre histoire. Incarnée par la réussite économique de quelques familles comme celle de Dima qui, nous imaginant sombrer dans la mélancolie, nous invite à sa bania privée. Mouillés pour mouillés, nous goûtons avec délice la sauna à 100° et la piscine à 32°, à l’abri de la pluie.

On a vu Nakhodka, amis nous ne sommes pas morts…grâce à Dima, Simon, Leonid, Vladimir et les autres habitants du lieu qui ont ensoleillé notre séjour, et nous ont remplis de douceurs.

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