Kavalerovo : vie, grandeur et décadence de l’URSS

C’est donc bien déterminé à se laver la tête (et le reste) que l’équipage de Chamade a embarqué dans le bus express pour Kavalerovo et son hôtel « Octobre».

Sa cabine de douche flambante neuve est clinquante, mais déjà la robinetterie en plastique « made in China » se déglingue et je ne donne pas deux mois à cet appareillage pour être hors d’usage. Oh combien symbolique de la transformation économique chaotique de toute cette région.

Kavalerovo, ville fondée à la fin du 19ème siècle par un preux explorateur à cheval doit son développement à la découverte de gros gisement d’étain dans les montagnes alentours.

L’exploitation tout d’abord assez anarchique s’organise rapidement sous le régime soviétique et dans les années 40, en pleine guerre avec l’Allemagne, les réserves d’étain sont alors stratégiques et l’exploitation tourne à plein régime. La ville se développe à marche forcée, les blocs d’habitations de type soviétique poussent comme des champignons et Kavalerovo va compter plus de 40’000 habitants.

Musée de Cavalerovo: La ville en 1970

Le minerai récolté dans les galeries environnantes est traité dans d’immenses raffineries qui font la richesse de la ville, si l’on fait abstraction de la pollution catastrophique qui va avec.

La ville est même décorée par le Parti en 1966 pour ses résultats modèles.

L’exploitation continue de plus belle dans les années quatre-vingts, mais l’économie planifiée n’a que faire de la modernisation ou de la diversification… et patatras…

A la chute du régime soviétique tout l’appareil industriel est obsolète, les mines, désormais non rentables, sont abandonnées et les raffineries détruites. C’est un véritable tsunami économique qui dévaste la ville qui compte aujourd’hui tout au plus 15’000 habitants.

Le bois est désormais l’unique source de revenu, avec les emplois de fonctionnaires. Au dire des habitants la situation est toujours très difficile. Pourtant étonnamment, comme à Olga,  les nombreux magasins  sont bien achalandés, et les 4×4 japonais (d’occasion, avec le volant à droite) envahissent les rues de la ville. Une économie sans doute souterraine faite de « bricolages ». Sera-t-elle plus durable que la cabine de douche de l’hôtel « Octobre » ? Mystère.

P.S : Merci aux magnifiques « babouchkas » du musée d’histoire de la ville, qui là aussi nous ont merveilleusement accueillis et expliqué l’histoire de Kavalerovo.

Re P.S : Le temps nous a manqué pour aller découvrir Dalnegorsk, 2 heures de route encore plus loin. Elle serait l’une des 10 villes les plus polluées du monde (Source : Worstpolluted.org). Dédiée elle aussi à l’exploitation minière : Plomb, zinc, bore et nodules polymétalliques y ont encore extraits.  50% des enfants de la ville y présenteraient un taux alarmant de plomb dans le sang ! (>10μg/dl)

Les glaces: seule vraie douceur d’une époque révolue!

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