Qui sauvera le peuple russe?

(Par Sylvie)

Après 48 heures de huis-clos à attendre la fin du déluge, nous ne savions plus à quel Saint nous vouer.

Heureusement le père Gueorgui a pris l’affaire en main. Samedi après-midi, veille de la fête de Pentecôte, il invoqué tous les Saints dans sa petite église, où l’on avait répandu de l’herbe par terre pour symboliser le renouveau de la nature. Une cérémonie religieuse touchante devant une poignée de fidèles, dont les quatre choristes qui chantait à cappella : un homme et trois femmes aux voix pénétrantes.

La cérémonie terminée, nous nous retrouvons, avec quelques ouailles, attablés dans la très humble petite maison en bois du père Gueorgui. Il y a là l’homme du chœur, vêtu d’un treillis militaire (très à la mode en Russie), le capitaine du bateau qui va ravitailler les phares et deux femmes qui s’affairent pour préparer le thé et quelques bricoles à grignoter.

La minuscule cuisine est pleine comme un œuf. Le père sort la vodka et le cognac, en nous expliquant que selon le grand chimiste russe Mendeleiev, c’est à 40° (ni plus, ni moins) que l’alcool est bon pour le corps humain. Lui, néanmoins, ne boit jamais à la veille des offices. Et demain ce sera celui de Pentecôte. Puis, le 6 juin il fera ses dévotions pour célébrer la naissance de la Sainte Tsarine Alexandra Feodorovna, d’origine allemande mais, dieu merci, convertie à l’orthodoxie russe, sans quoi elle ne serait pas vénérée.

Le père Guergui soulève derrière lui un pan de rideau et nous laisse découvrir une photo de la famille impériale,assassinée en 1917 par les Bolchévik: le Tsar Nicolas II, son épouse Alexandra Feodorovna et leurs 5 enfants. Tous ont été canonisés par l’Eglise russe. « Vous verrez quand le Tsar reviendra. Car il va revenir, c’est certain pour le bien du peuple, déclare le prêtre. On cherche des descendants des Romanov et il y en aurait une dans la famille royale du Danemark ».

Nous restons un peu abasourdis. D’accord, le père Guorgui aime les Hommes de bonne volonté et abhorre le communisme qui les a détourné de la religion. Il peut aussi considérer que les dirigeants post communistes se préoccupent davantage de leurs propres affaires que de celles du peuple. Mais de là a attendre, comme on attend le Messie, le retour du Tsar qui à notre connaissance, n’a jamais été tendre avec son peuple…. « Et que fera donc le Tsar revenu, pour le salut des Russes ? ». Le père Gueorgui nous regarde avec commisération : « Vous ne pouvez pas comprendre, même le peuple russe de comprend pas. Il est ignorant de ces choses-là ». Eh oui, entre Staline, le Tsar et Poutine, lui non plus ne sais pas à quel saint se vouer.

Le lendemain, dimanche de Pentecôte, nous avons failli appeler le Tsar la rescousse pour que les autorités du port nous laissent quitter Olga, après deux heures de palabres et de paperasserie.

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