S’évader d’Olga pour finir au bagne

Le beau temps revenu, le vent à nouveau favorable, il était donc temps de quitter notre « havre-prison » d’Olga.

Et même si tout était « apparemment » en ordre, une fois amarré en zone sous douane du quai d’Olga, on a eu l’impression de tout recommencer, ou presque.

Car si les papiers préparés était bien les bons, il en fallait encore d’autres. Et d’autres… A défaut de savoir lesquels, le plus simple pour les autorités qui veulent surtout se couvrir, c’est tout simplement d’en demander encore plus. Copies du permis de conduire un navire, établissement d’une « marchrout » (à savoir l’itinéraire suivi précédemment et à suivre ultérieurement) puis une déclaration sur l’honneur de ne pas faire d’autre escale en Russie avant d’entrer au port de Korsakov (en Russie également) et surtout un coup de tampon sur chaque document. On sort donc notre tampon encreur qui n’a encore jamais servi et tout finit par s’arranger. En « seulement » 2 heures de nouveaux palabres tout est terminé, on peut larguer les amarres, cap au large… ouf !

Un départ sous un soleil magnifique mais qui ne va pas durer. Bien vite un brouillard glacial s’invite à la fête, il va durer presque deux jours. Seul avantage pour l’équipage, les quarts de veille se font le nez sur l’écran radar, à l’intérieur, bien au chaud. A quoi bon rester dehors puisqu’on ne voit rien.

A l’aube du troisième jour le brouillard se lève alors qu’on rase les côtes de l’extrême nord d’Hokkaido.

Le magnifique cône du « Rebun Dake » nous fait un clin d’œil de vieux copain japonais mais nous ne détourne pas de notre objectif : franchir le détroit de La Pérouse, cap sur Korsakov, au sud de Sakhaline. Une pensée en passant pour cet explorateur français du 18ème, venu explorer les confins nord-ouest du Pacifique avant de faire naufrage et de perdre la vie à Vanikoro dans les îles Salomon.

Alors que le vent est presque complètement tombé on croise un méthanier. Pas de doute, on est sur la bonne route puisque juste à côté de Korsakov se trouve une gigantesque usine de liquéfaction de gaz (LNG), symbole du Sakhaline du 21ème siècle, désormais l’île du gaz et du pétrole.

Mais pour nous, pas de terminal gazier. Avec ses vieilles grues, ses bâtiments délabrés, ses eaux noires et graisseuses le port de Korsakov est plutôt symbolique de la fin de l’URSS.

Pas franchement gai… d’autant plus quand on se souvient que ce fut aussi le port de débarquement des relégués et des bagnards du tsar.

Photo: musée d’histoire de Korsakov

Mais une fois de plus, il ne faudra pas se fier aux apparences

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