Capitaines du Kamtchatka

Si le Kamchatka restera à jamais gravé dans nos mémoires, ce n’est pas seulement par ses paysages uniques mais aussi par l’incroyable accueil de nos amis yachtmen du Kamchatka. Non contents de nous avoir permis d’arriver ici sans devoir recourir à un (très coûteux) agent maritime, ils se sont mis en quatre pour nous rendre le séjour inoubliable !

Au ponton de la marina de Petropavlovsk
Andrey S, Roman, Andrey P, Sylvie et Lusia

Andrey P. : Né dans un phare !

Quel parcours que celui d’Andrey, 34 ans, désormais « Président de la fédération de voile du Kamchatka » !

Andrey Junior et son papa Andrey P

Ses parents, originaires de la région de Moscou ont débarqué ici dans les années 70, pour devenir gardiens d’un des deux phares qui balisent l’entrée de la baie d’Avacha. Durant 8 ans ils vivront isolés sur leur piton rocheux. Mais lorsqu’Andrey a deux ans, sa mère demande à son mari de regagner « la terre » afin d’offrir à ses enfants une scolarité normale (Andrey a un frère et une sœur ainés). Andrei grandira donc à Petropavlovsk où il entreprendra des études à l’académie maritime. Sa passion alors, c’est le billard : il participe aux championnats de Russie, d’Europe et du monde !  Puis le voilà bientôt manager du bureau local d’une compagnie minière, puis d’une usine de conditionnement de viande avant de prendre la tête du service d’information du gouvernement du Kamchatka (2 journaux et une chaîne de TV). Mais trois ans plus tard il démissionne et part au Japon acheter « Esperance » un voilier d’occasion de 10 mètres. Un solide Yamaha de 33 pieds, construit en 1968.

Sortie en baie sur « Esperance » Andrei s, Raissa et Andrei P avec leur fiston

Sa vie, il la consacre désormais à ses deux passions : le billard et la voile. Copropriétaire d’un grand club de billard, il y donne l’hiver des cours aux enfants. Et l’été, c’est la voile qui l’occupe. Outre des sorties en mer pour les touristes, il convoie des voiliers achetés d’occasion au Japon. Ainsi ce printemps il ramène « Radiance » que son copain Andrey S. (voir portrait) vient d’acheter, puis repart à Tokyo chercher un petit voilier de 8 mètres, que son nouveau propriétaire d’Irkoutsk veut charger sur le Transsibérien pour l’emmener naviguer sur le lac Baïkal.

Andrey S. : 18 ans de brousse arctique pour la science

Avec ses « r » roulés, sa basse de stentor qui fait trembler les planches du ponton, Andrey S., c’est la plus belle voix russe qu’on ait entendue !

Et si l’on vous dit que sa chaleur communicative est à la hauteur de son ramage, vous comprendrez le plaisir qu’on a à le côtoyer ! Andrey est né dans la région de Moscou où il entreprend des études de géologie. Après divers emplois dans des entreprises minières étatiques, le voilà qui part pour le Kamchatka. Pas pour sa capitale Petropavlovsk, mais pour une petite ville de 2000 habitants, perdue et isolée tout au nord du Kamchatka. Avec sa femme Lusia, elle aussi géologue, ils y vivront 18 ans, quasi coupés du monde, à enchaîner les saisons d’été à prospecter et à analyser leurs prélèvements l’hiver, au chaud dans leur laboratoire. 18 années consacrées à la nature et à la science dont il parle encore avec un enthousiasme communicatif. Puis ils reviennent à  Petropavlovsk où Andrei entre au ministère des ressources naturelles. Aujourd’hui à la retraite, il découvre la voile, sa nouvelle passion. Le voilà tout jeune propriétaire de « Radiance », son Yamaha 33 ramené du Japon. Tout un nouveau monde à découvrir auquel il se consacre désormais avec sa toute sa fougue (et c’est peu dire !)

Ski de fond fin juin pour Luisa

Une passion nouvelle que sa femme Lusia observe avec un peu de distance… Elle, son monde c’est le sport,  la montagne surtout: l’alpinisme, le ski ou encore le ski de fond qu’elle pratique « à fond » avec un dynamisme incroyable. Comme ce dimanche, au soleil, au pied du volcan Gorely.

Alexei : quand le FSB rêve d’un tour du monde

Si vous avez besoin de quelque chose à Petropavlovsk, demandez à Alexei. Il connaît tout le monde et toutes les adresses ! Alexei, c’est un peu notre « chaperon protecteur» ici au Kamchatka. C’est lui qui a pris en charge tous nos contacts avec les autorités pour nous faciliter les formalités. Mais rien à voir directement avec son job, lui qui est employé par le FSB au sein des Garde-côtes (ou inversement, on ne sait pas trop bien !). Non c’est juste par gentillesse, et aussi par passion. Pour le plaisir de côtoyer et d’apprendre auprès des navigateurs au long cours que nous sommes. Car Alexei a un rêve : acheter un grand voilier et partir autour du monde.

Sergei et Alexei

Né à Saint-Pétersbourg, Alexei étudie la mécanique à l’Académie navale avant d’être embarqué sur un navire-usine de pêche de 150m (équipage de 100 personnes) propriété d’une compagnie russo-canadienne. Deux années durant il enchaîne les marées aussi bien au Canada qu’en Russie. Mais la pêche et surtout la vie sur un navire usine, ce n’est pas son truc. Le voilà qui rejoint bientôt les Garde-côtes pour un premier contrat en Crimée. Il fait ensuite le choix du Kamchatka, non pas par passion, mais juste parce qu’ici les annuités comptent double ! C’est ainsi qu’en novembre prochain, à 34 ans, il sera à la retraite !  Et là… il veut vraiment partir. D’autant plus que durant ces dix années, en tant que militaire, toute sortie de la Russie lui était interdite.

Et que dire de son pote Sergei qui nous a rendu d’innombrables services, se transformant en chauffeur avec une incroyable disponibilité, sans oublier de nous faire découvrir les plages, les bains thermaux et les bistrots les plus originaux de Petropavlovsk.

Sergei, un ami touchant qu’on est pas près d’oublier.

Andrei P, Andrei S, Alexei, Sergei, 4 destins, quatre manières de s’adapter et de naviguer dans cette Russie en plein bouleversement

Et pour nous, un seul problème ! Stopper la marche folle du temps…

Car déjà il est temps de repartir, nos nouveaux équipiers Laurent et Jean-Pierre sont là, une fenêtre météo s’ouvre, il ne faut pas la manquer. Le cœur triste nous allons mettre le cap sur Attu, première ile de l’archipel des Aléoutiennes… 4 jours de mer pour découvrir un nouveau monde.

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