Feeling aléoutien

(Par Sylvie)

Retrouver la sensation de se perdre au milieu de nulle part, si loin de la civilisation.

Se sentir à nouveau grain de poussière dans l’immensité. Jouer à cache-cache avec les sommets enneigées qui dissimulent leurs têtes dans l’épaisse ouate des nuages.

Ondoyer avec les voiles de brumes chassés par les vents.Gris sur vert, vert sur gris. Gris-vert et rouilles de la base militaire d’Attu, aujourd’hui délaissée par les américains.

On décolle sur la piste d’aviation, on erre parmi les hangars encore pleins de matériels étranges.

Et ces gros sacs de toile blanche, prêts à être emmenés par hélicoptère, que contiennent-ils ? De la terre contaminée ou autres déchets spéciaux ? Le gravier qu’ils contiennent est trop bien emballé pour être honnête.

Le mauvais temps menace. On change de mouillage. Les goélands et les pétrels ne nous lâchent pas d’une semelle. On longe la plage noire. On se fraie péniblement un chemin dans la jungle verdoyante des fougères et des fleurs.

On enfonce le pas dans la moquette de la mousse, jusqu’en haut de la pente, là où les Japonais avaient installés leur camps de concentration des indigènes aléoutes, lorsqu’ils ont investi Attu, pendant la 2ème guerre mondiale. Il n’en reste plus grand chose. Quelques barrières, quelques poteaux électriques bringuebalants. On imagine…mais on a du mal à imaginer la souffrance et les bruits de bottes dans ce décor vierge de toute présence humaine.

On fait les pleins d’eau pure, en puisant dans les rivières qui dévalent la montagne. Coups de vents sur les crêtes, coups de soleil qui déchirent le ciel plombé, coups de cœurs pour cette nature puissante.

Coups de blues aussi sous la pluie des dépressions qui nous clouent dans le carré de Chamade au mouillage. Bref. L’Alaska retrouvé. On en frissonne de froid et de plaisir.

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