Icebergs et diversité

(Par Cyril Mahaim)

D’abord il y a l’origine, l’héritage : De quelle partie du glacier proviennent-ils? De la partie profonde, compacte, vitreuse, qui a subi des pressions colossales, ou viennent-ils de plus près de la surface, plus aérés, moins denses, plus blancs, contenaient-ils des petites rivières ou lacs qui se transforment en autant de veines ou poches bleues?

Ensuite il y a leur naissance : se sont ils effondrés en tombant dans la mer, ce qui a pu exposer une partie profonde à l’air ou se sont-ils cassés par flottaison, remontant à la surface, sans trop se retourner, laissant à leur surface cailloux et moraine. Pourquoi certains exposent une grande face plane et homogène comme un champ de neige fraîche, alors que d’autres montrent une surface complexe et tourmentée ?

Il y a aussi l’histoire de leur vie, quels courants les ont formés, quels vents chauds ou froids les ont sculptés, quels petits ruisseaux de fonte ont gravé des stries dans leur surface. Quelle conjonction de facteurs a créé ces gigantesques arches, ou ces tours, striées horizontalement tellement régulièrement qu’on a peine à croire que seul le hasard des échanges de chaleurs les a  formées.

Pourquoi telle partie s’effondre plutôt que telle autre, comment se forment ces silhouettes sculpturales, de montagnes, de champignons, de gueules de crocodile, pourquoi certains sont turquoise laiteux, d’autres bleu intense et translucides, d’autre bleu vert sombres, d’autres  encore transparents comme du verre.

Certains sont d’une forme et d’une couleur tellement esthétique, qu’on ne peut que les admirer, ils laissent dans voix. D’autres sont comiques rappelant des formes familières. Certains interpellent car ils semblent défier les lois de la pesanteur, tant leur partie en porte-à-faux est grande et semble ne pas pouvoir  raisonnablement tenir.

Il n’y en a pas deux pareils, même si les facteurs qui régissent la genèse, la naissance et la vie des icebergs sont relativement simples, il s’agit pour leur genèse principalement de l’action de la gravité, ensuite au cours de leur vie, essentiellement d’échanges de chaleur entre la glace l’air et l’eau. Malgré la simplicité des forces à l’œuvre, une diversité infinie est crée, il ne peut pas y avoir deux icebergs exactement pareils, et avec cette diversité apparaît  une extraordinaire beauté, parfois majestueuse, impressionnante, ou de vivre fine délicate et artistique. Une diversité fabuleuse qui concerne uniquement des morceaux de glace.

On ne se lasse pas de découvrir de nouvelles formes, tailles et couleur. On a l’impression d’avoir un aperçu de l’intérieur la vie multi-millénaire des glaciers, qui nous fait ressentir une échelle de temps qui dépasse de  loin notre capacité d’abstraction, en nous laissant simplement en face de  notre microscopique passage sur terre.

Et d’être au milieu en voilier, ne va pas de soi ! Il faut accepter le risque de naviguer au chez les géants ! Un immense merci à Marc et Sylvie qui prennent ce risque pour partager ces moments uniques et inoubliables. Merci de nous avoir permis de ressentir et vivre de l’intérieur ces moments d’intimité avec la diversité infinie des Icebergs.

(Upernavik, 2.8.2011)

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