À chacun sa Manille

(Par Sylvie)

Ben oui ! Manille est multiple, tentaculaire, hypertrophiée, surpeuplée comme toute les capitales des pays en développement.  Imaginez  ce que ça donne quatorze millions d’habitants, enfournés dans une succursale de l’Oncle Sam.

Côté jardin, ça donne les manies des beaux quartiers business, hôtels de luxe et mall clinquants. Greenbelt à Makati, avec son église top moderne au milieu des palmiers, des Starrbuck et autres cafés fast-food, faux chics et chers.

Ça donne grosses bagnoles et gigantisme. Des grues et des tours qui poussent entre les mega pubs,  made in US, histoire de stimuler les appétits de consommation de la bourgeoisie de Manille…

et faire rêver la plèbe qui,  entassée dans les Jeepney ( transport public entièrement privé), pourront côtoyer quelques instants Prada, Bulgari ou Louis Vitton.  Avant de retrouver un monde bien moins sélect. Leur monde populeux, bariolé et souvent miséreux.

Car Manille a bien d’autres  visages. Par exemple, celui du quartier dit Intramuros. Parce que contenu dans ce qui fut une  forteresse espagnole, construite derrière d’épaisses murailles, à l’embouchure de la Pasig river, pour résister contre les envahisseurs .Ce qui le l’empêcha pas d’être envahie tour à tour par les pirates chinois, les colons hollandais, puis britanniques, puis américains, puis japonais. Les bombardements de la 2ème guerre mondiale, achevèrent ce qu’elle contenait d’églises et de bâtiments.  Aujourd’hui, on tente de restaurer et de faire revivre ce quartier moribond,  dont les jardins  peuvent encore servir de décor romantique à des festivités.

Côté cour, en marge du développement des beaux quartiers, Manille c’est aussi  ça

Enfin, Manille by night, ce peut être, si vous êtes né du bon côté de la barrière, un dîner aussi étonnant que succulent, au Nikkei, pour goûter une cuisine japonaise revisitée avec bonheur par un chef péruvien. (mmmm…shashimis croquants!)

Et plus tard…, le « hole in the wall ».  Comme au temps de la prohibition américaine, imposée a Manille, vous entrez dans un resto « normal », alcool free, mais vous demandez « d’aller derrière ». On vous ouvre alors la porte de la penderie, pas pour laisser votre manteau, mais pour avoir accès à un bar à whisky et quel bar….tous les meilleures whiskies écossais à déguster dans la pénombre et la tranquillité de la clandestinité.

Vous l’avez compris, Manille, ce peut être le paradis…ou le purgatoire.  Mais quels que soient leur qualité et leur rang, tous les habitants de la capitale vivent quotidiennement le même enfer : un trafic aussi dantesque que kafkaïen, une satanée pollution de l’air et une torture des tympans. Sans que l’on sache quels sont les décibels les plus scélérats : ceux des pots d’échappement pétaradants dans la rue, ou ceux des  Lolita du disco américain qui  n’en finissent pas de s’époumoner dans tous les lieux publics. Entre les deux, un seul choix possible: la fuite !

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