A travers le canal de Göta
Par Marc à 17:44 :: 2010 Baltique
(par Pauline)
Chamade dans le Canal du Göta.
Un nouvel équipage bien formé au lancé du bout, un atout indispensable pour affronter plus de 60 écluses en 8 jours. A peine débarquée de Stockholm, Pauline Nerfin a dû subir l’épreuve du feu sous l’oeil vigilant du capitaine. Interview expresse:
-Aviez-vous jamais lancé un bout avant de venir en Suède ?
-Non c’était la première fois mais j’ai beaucoup pratiqué la pétanque. C’est pourquoi j’ai tout de suite maîtrisé le geste.
-Le capitaine n’était pourtant pas très content de votre performance et vous avez malgré tout été autorisée à faire partie de l’équipage. N’est-ce pas du favoritisme?
-Le capitaine a été injuste ou a peut-être craint d’être surpassé par plus compétent que lui. Mais heureusement j’avais apporté du fromage et de la viande séchée pour pouvoir acheter ma place à bord.
31 mai Mem – Berg (15 écluses)
Nous commençons notre longue et rude traversée. En une dizaine de jours nous devons traverser tout le sud de la Suède, rallier Göteborg depuis Stockholm, par le célèbre Canal de Göta : 58 écluses.
Le convoi : la saison touristique n’ayant encore pas débuté, pour traverser le Göta, il nous faut faire partie intégrante d’un convoi de quatre voiliers, avec qui nous passons les écluses. Ce sont des suédois, leur fier drapeau flotte au vent, cela dit encore inexistant. Il y a le bateau d’Eric, grand suédois barbu de blanc, qui voyage en compagnie de son frère Stien, de son caniche noir (qui porte un gilet de sauvetage sur mesure), de Louis XVI (sa femme) et du Sphinx (sa belle-sœur).
Marc a réussi à nouer rapidement le contact avec eux, quel pro des RP! Le second voilier, Ikea, est occupé par un couple, grand, bronzé et indépendant (ils ne veulent pas d’aide, donc.) Vient ensuite l’embarcation de Nounours et de sa femme, avec qui nous n’avons quasiment pas de contact ni visuel ni oral (mais ne désespérons pas). Le quatrième et dernier voilier, c’est nous, Chamade, composé d’un équipage d’enfer, Pierre, Marc, Sylvie et Pimousse. Chaque navire reçoit une carte magnétique qui nous permettra d’accéder aux douches (et à d’autres choses plus insolites comme vous le découvrirez) lors des haltes aux ports.
Passer une écluse en 5 leçons… : 1) Tu mets Chamade à sa place (nous c’est devant à droite par exemple). 2) Tu lances les bouts à celui débarqué sur le mur qui les amarre. 3) L’étudiant éclusier ferme la 1ère porte et envoie la sauce (attention au remous). 4) Tu winches les bouts à l’avant et à l’arrière (attention faut pas emboutir Ikea) au fur et à mesure que l’eau monte. 5) Enfin, l’étudiant éclusier ouvre la 2ème porte, tu reprends vite les amarres et l’équipier resté à terre et tu repars ! Attention : ce cas de figure peut changer, par exemple si l’écluse est double ou septuple ou encore s’il y a un pont routier qui doit se lever ou un point ferroviaire qui doit coulisser… la procédure se complique !
1er juin Berg – Borensberg (16 écluses)
L’escalier : ce matin le réveil était très matinal car une journée éprouvante nous attend. Un escalier de sept écluses pour se chauffer les muscles, un souffle de repos sur le relaxant canal et encore une série de cinq portes ! On essaie toujours d’engager le dialogue avec nos co-convoyeurs suédois, mais c’est très dur. Par contre on n’a pas encore réussi à les aider aujourd’hui. Sylvie a proposé à Ikea Girl de lui passer les amarres pour leur faciliter la tâche, puisqu’ils ne sont que deux à manœuvrer. Extrait de la conversation : Ikea Girl « oh yes, thank you, very kindly. But I need to ask my husband first. » Elle s’en va asker le grand bronzé et revient « about your proposition to help us, thanks but my husband want that I practice again… ». Pour la fête à bord de vendredi, on n’ a pas encore beaucoup d’amis…
Ambiance dans les écluses : lancer les bouts, wincher, tout ça peut se faire dans une ambiance décontractée, la preuve avec le twist de Pierre !
Les enfants suédois sont bien élevés (même sans fessée) : le long du chemin on croise pléthore d’enfants qui se promènent ou pique-niquent le long du canal. Contrairement aux adultes suédois, eux sont très intéressés à savoir notre prénom, où on va, etc…
2 juin Borensberg – Forsvik (7 écluses)
Ouvrir une poubelle suédoise en 4 étapes : 1) Tu prends la carte magnétique et tu la glisses à l’endroit indiqué. 2) La porte de ce que tu croyais être une boîte aux lettre s’ouvre et tu y découvres une petite clé, que tu saisis. 3) Avec ce nouveau sésame, le cadenas de la grosse poubelle s’ouvre. 4) Tu jettes. (N’oublie pas de refaire la procédure en sens inverse). Cette fois, le génie helvétique en prend pour son grade !
Le jeune moustachu ingénu : tous les éclusiers ne sont pas prophètes en leur domaine… Notre nouvel éclusier du jour avait appris le règlement du canal par cœur et désirait âprement que tous les voiliers lui obéissent au doigt et au winch. Heureusement que sa ridicule moustache le décrédibilisait et nous faisait rire sous cape, sinon il serait passé dans les remous…
On a gagné une régate! Evidemment lorsque que nous sommes arrivés sur le lac Vättern, un coup de canon retentit et une quinzaine de petits voiliers se sont lancés, toutes voiles dehors à la poursuite des bouées ! On s’est retrouvés en plein milieu mais les skippers suédois pas rancuniers du fait qu’on leur barre la route, nous ont gentiment salué de la main. « Hej ! »
La forteresse de Karlsborg : une petite halte que nous imaginions culturelle, mais qui finalement était trop militaire à notre goût. Un château énorme qui était sensé surtout faire peur aux potentiels envahisseurs car la tour de garde ne servait en fait qu’à suspendre les tuyaux d’incendie pour qu’ils sèchent… En revanche le petit village de Forsvik est pour le moins charmant sinon plaisant et où nous avons réussi à avoir une conversation d’au moins 3 minutes avec Nounours et compagnie. Sujet : l’eau chaude dans la douche de la Marina. Nous sommes très tristes car Eric et ses comparses ont décidé de s’établir sur le lac Vättern. Du coup nous tentons le tout pour le tout avec Nounours et Ikea, toujours pour avoir un certain nombre de participants à la fameuse fête de vendredi.
3 juin Forsvik – Töreboda (2 écluses mais le lac Viken au génois…)
Que de beaux paysages : Aujourd’hui nos éclusiers étaient éclusières, étudiantes et blondes. Enfin de vraies scandinaves. Le vent s’est invité et nous avons pu hisser la voile sur un petit lac mignon comme tout formé de deux fers à cheval à la façon d’un S. Les abords du lac regorgeaient d’une faune volatile très riche et les forêts de sapins étaient majestueuses et imposantes. Une flore absolument différente de ce que l’on a parcouru précédemment. En un mot, magnifique. En plus on a mis Ikea et Nounours à la misère car paresseux ils sont restés au moteur et stagnaient.
La course poursuite : Tout d’un coup, le canal se séparait en deux et au milieu un endroit idyllique dans une sorte de clairière avec une table et des bancs en bois qui semblaient n’attendre que nous. Ni une, ni deux on s’amarre bon vent mal gré dans la seule place possible afin de prendre un petit lunch au soleil, nos deux écluses au programmes déjà passées, on croyait être libre d’avancer à notre rythme. Ikea et Nounours nous doublent et on commence à s’installer. Par chance Marc regarde la carte et s’aperçoit que nous devons passer encore au bas mot cinq ou six ponts ! Et là, les paroles de l’éclusière blonde nous reviennent, « you need to be at the first bridge at two o’clock ». Sans attendre on saute à bord et on met les gaz pour rejoindre le convoi qui avait tenté de nous semer. Inutile de vous dire que l’on n’a pas respecté les cinq nœuds de vitesse maximale ! Sinon on serait restés coincer entre deux ponts, obligés d’attendre le prochain convoi.
4 juin Töreboda – petite baie solitaire et sauvage sur le lac Vännern (19 écluses)
Petite ville mais quel trafic ! Pour vivre à Töreboda, il faut avoir une vocation de chef de gare, car pendant toute la nuit, chaque demi-heure un train passe… tout le monde n’a pas le sommeil des « Chamadiens ». Nous sommes ensuite repartis sans chagrin de ce bled de bon matin, pour affronter 19 écluses, mais à la descente, ce qui engendre moins de remous. Plutôt tranquille, donc. A moins que ce ne soit nous, l’équipage qui maîtrisons maintenant parfaitement l’art de l’éclusage ? A méditer… Bye bye les copains A peine la dernière écluse passée que Nounours est allé s’amarrer dans la première marina. Finalement il baragouinait un mélange d’italien et de français et était plutôt amusant. Ikea lui nous a poursuivit un bon moment sur le grand lac (on mettra deux jours pour le traverser) avant qu’on hisse la grande voile et qu’on le sème enfin. Bon vent ! On a mouillé dans une ravissante petite baie abritée du vent (pour ce qu’il y en avait…) où il n’y avait personne à des miles à la ronde. Heureux qu’on était d’être comme Robinson seuls au monde afin de profiter de l’immensité et de fêter le vendredi entre nous. Si les suédois ne nous aiment pas, nous on aura aimé surtout leurs brownies au chocolat.
Pauline Nerfin
30 mai 2010
D’archipel en archipel
Par Marc à 10:55 :: 2010 Baltique
Nous voici à l’entrée du Canal de Göta qui va nous conduire en une semaine à travers la Suède, jusqu’à Göteborg. C’en est donc terminé de la Baltique et de ses archipels. Ceux de Turku et de Stockholm en particulier.
Et autant le dire tout de suite, nous en garderons un excellent souvenir.
Il n’y a pas que les Antilles comme paradis de la navigation.
Bon d’accord, surtout en ce mois de mai, il n’est guère possible de s’y baigner, ou alors il faut être obligé ! Mais pour le reste…
C’est un petit jeu fabuleux que de se glisser dans ces innombrables chenaux, de raser les cailloux, de slalomer entre ces milliers d’îles.
Des passages magnifiques entre ces îlots de granit, où tout est parfaitement balisé. Des vents réguliers, pas toujours très soutenus, mais qui permettent le plus souvent de se glisser à la voile dans les goulets. Et si nécessaire, il y a toujours moyen de changer de destination.
C’est d’ailleurs le principal problème : il faut choisir, toujours choisir !
La destination, les passages, les mouillages ou les amarrages. L’offre est infinie
S’il fallait attribuer la palme, elle irait à coup sûr à l’archipel de Turku et à la partie orientale des îles Åland. Peu développé, souvent sauvage, et abondamment peuplé d’oiseaux.
Des îles encore essentiellement agricoles, où le temps semble s’arrêter.
Avec des escales sur un ponton perdu, ou dans un petit « vierassatama » (un port visiteur) où la sauna vous attend. En comparaison l’archipel de Stockholm paraît bien plus « civilisé ». Il est vrai que c’est presque la banlieue d’une grande capitale et qu’ainsi les résidences secondaires sont très nombreuses. Mais pas de soucis, cela n’a rien à voir avec la « bétonnite » méditerranéenne.
Là aussi vous trouverez partout un petit « gästhamna » parfaitement équipé, ou un mouillage solitaire.
Les tarifs des ports (de 10 à 25 euros la nuit, 30 à Stockholm).
A souligner aussi que nous avons parcouru ces archipels hors-saison, le plus souvent tout seul dans un calme intégral. Les choses changent bien évidemment durant la haute saison qui va de mi-juin à mi-août.
Côté température en ce mois de mai : 6° à l’aube, 14-15° les jours gris, 20° les jours ensoleillés, voire même 25° comme à Mariehamn et Stockholm.%% Enfin sur l’ensemble du mois de mai nous avons compté 10 jours de temps gris ou pluvieux et 21 de beau temps. Pas mal pour être à près de 60° Nord.
Bref, nous avons aimé et sachant qu’il est aisé de louer un voilier à Stockholm ou à Turku (www.marisail.fi) on se demande ce que vous attendez !
La Stockholm attitude
Par Marc à 18:24 :: 2010 Baltique
(Par Sylvie)
Après avoir musardé dans les îles avec les oiseaux, dans une nature à la fois douce et sauvage, nous voici amarrés à Stockholm, au pied du musée Vasa. Rien à voir avec la célèbre marque de knäkebrot. Le musée porte le nom du vaisseau de guerre royal qui, le 10 août 1628, coula dans la baie de Stockholm au cours de son voyage inaugural parce que trop lourd et mal conçu. Renfloué et entièrement reconstitué 330 ans plus tard, le Vasa est la seule attraction du musée qui ne désemplit pas.
Tout cela nous rappelle que la Suède fut une grande puissance maritime qui domina toute la Scandinavie, avant de se casser les dents (comme tout le monde) sur l’Empire russe. C’est peut-être pour ça que la famille royale a une cote d’enfer. Faute d’être encore omnipotente, elle est omniprésente. En passant devant les vitrines de la vieille ville de Stockholm je me suis demandée ce qui ferait mieux dans mon salon : le tableau du portrait de famille ou celui la princesse Victoria et du prince consort, en plateau, en dessous de verres ou en calendrier.
Cela dit, Stockholm c’est super. Moins pour la légèreté architectural de ses monuments que pour le sentiment de liberté qui s’en dégage. C’est une ville colorée et un peu insolite. Non seulement parce qu’elle s’étend sur plusieurs îles qui ont chacune un caractère différent, mais surtout grâce à ce que j’appellerais la Stockholm attitude.
Une façon d’être transparente et décomplexée. Vous y verrez des hommes d’affaires pressés, débouler casqués sur leur vélo, la cravate au vent et le veston en queue de pie ; des pasteurs à plastrons – qui n’ont pas changé de costume depuis deux ou trois siècles – deviser joyeusement devant la cathédrale avec des déesses blondes à moitié dévêtues. Des skinheads en planche à roulette et des vieux beatniks attardés, au bras de grandes bourgeoises. Mais aussi des femmes en tchador qui regardent passer une manif en faveur de Jésus, avec tee-shirt, slogans et holà à l’appui. Bref Stockholm est un melting pot archi décontracté qui vaut le détour.
En plus c’est une ville sans danger. Ou le trafic automobile (tout à fait raisonnable) celui des cyclistes et celui des piétons sont soigneusement séparés. Le seul risque pour le piéton étant les poussettes. C’est fou ce qu’ils font d’enfants les Suédois. C’est le système nordique qui veut ça. La circulation des enfants et leurs poussettes, à une ou a deux places est phénoménale. Dans les magasins, sur les trottoirs, partout, il faut être très vigilant si vous ne voulez pas vous faire shooter par une poussette. Ce d’autant que les conducteurs ne sont pas toujours très attentifs. C’est ça la Stockholm (mâle) attitude que je préfère.
Les ferries à Mariehamn : la valse à mille temps
Par Marc à 15:42 :: 2010 Baltique
Entre vous écraser ou se planter sur les rochers avec ses 2000 passagers, il n’y a guère de doute sur la stratégie que choisira le capitaine d’un des nombreux ferries qui circulent à travers l’archipel des Åland. D’autant plus que par endroit, il n’aura souvent pas le choix, là où il n’y a pas place pour deux, le ferry passant tout juste. D’ailleurs les ferries sont absolument prioritaires dans les innombrables chenaux, les « fairways » qui permettent de traverser les 6500 îles des Åland. (Est considéré comme île, seules celles qui font plus de 3000 mètres carrés de surface. Inutile de dire que si l’on ajoute encore tous les cailloux, cela devient impossible à compter).
Et je rappelle qu’ici, vu l’impossibilité de baliser toutes les roches, seuls les passages (les fairways) sont cartographiés et balisés, et qu’ainsi on ne peut guère s’aventurer n’importe où. Cela dit les fairways sont eux aussi très nombreux et rares sont les endroits où Chamade doit partager son chemin avec ces gigantesques ferries qui se succèdent à Mariehamn.
Une bonne quinzaine par jour, chacun pouvant emporter 2000 passagers. Ils desservent les routes entre Stockholm et Helsinki ainsi que Stockholm-Turku (4 liaisons quotidiennes) sans compter les ferries locaux. Tous desservent Mariehamn, la capitale, et ses 11’000 habitants. Largement plus que nécessaire pour les besoins de cet archipel de 26’000 âmes.
Plus aussi que les simples besoins d’échanges entre Helsinki, Turku ou Stockholm. Il y a donc un truc !
Il s’appelle « Duty free » Déjà jusqu’en 1995, nombreux étaient les passagers à ne pas descendre à destination, à s’offrir un aller-retour de 24 heures, juste le temps de s’abreuver à bon prix dans ces bien-nommées « croisière-alcool ». Il est vrai que les taxes sur l’alcool dans les pays nordiques sont assez dissuasives.
Mais voilà qu’en 1995 la Finlande est entrée dans l’Union Européenne. Adieu donc le Duty-free entre Finlande et Suède. Même chose d’ailleurs quelques années plus tard avec les pays baltes. C’est alors qu’on s’est souvenu que les îles Åland, si elles font parties de l’UE comme la Finlande, ne sont pas soumises au système de taxes de l’UE, statut d’autonomie oblige.
C’est ainsi que désormais, tous les ferries font escales aux Åland, « à l‘étranger » douanièrement parlant, pour continuer de bénéficier du duty free et des passagers en « croisière-alcool ». Autant de taxes de port pour la commune de Mariehamn, et autant d’emplois sauvegardés pour l’archipel, puisque près de 800 personnes travaillent sur les ferries.
Ici les croisières en ferries, c’est un peu comme les voyages en car en Suisse, avec « démonstration de produits » et ventes de couvertures chauffantes…
Et assister au débarquement à Turku ou Stockholm, c’est voir passer de nombreux passagers, un sac à roulettes dans une main et un petit caddy dans l’autre, chargé de cinq « 24 packs » de cannettes de bières, la limite admise. Un sacré business assurément.
Monaco sur Baltique
Par Marc à 17:30 :: 2010 Baltique
(Par Sylvie)
Changement de drapeau, sans pour autant changer de pays. C’est que la très autonome province d’ Åland ( Ô Land) tient à ses prorogatives et aux symboles de sa souveraineté ! Grande discussion sur Chamade. Quel pavillon faut-il hausser au-dessus de l’autre ? Le finlandais ou le ålandais ?
Dans l’ignorance, nous optons pour la préséance étatique. Car bon gré, mal gré les Ålandais, sont encore, à notre connaissance des citoyens finlandais. Une poignée de citoyens finlandais qui parlent suédois. Aujourd’hui ils sont environ 27’000 à vivre paisiblement sur une cinquantaine d’îles de l’archipel des Åland (qui en compte tout compris 6.500). Près de la moitié de cette population habite dans la capitale Mariehamn.
Longtemps les Ålandais ont rêvé de réintégrer leur mère patrie et s’en sont même allés prier le roi de Suède de les reprendre en son royaume. Las, l’histoire, la communauté internationale et la Finlande ont préféré faire d’eux la minorité linguistique la plus choyée d’Europe avec un statut d’autonomie à faire pâlir d’envie toutes les minorités du monde.
Pour en savoir davantage sur cet archipel qui possède son propre gouvernement, son propre parlement, sa propre administration, son propre drapeau et ses propres timbres, nous avons visé haut : Elisabeth Nauclér, ancienne Consule honoraire de France (donc francophone)députée , et unique représentante des îles Åland au Parlement finlandais où elle est désormais la seule à s’exprimer en Suédois. Quelle que soit la question posée, il faut remonter en 1921. Date à laquelle la Société des Nations a attribué définitivement les îles Åland à la Finlande, moyennant une protection absolue de leur langue et leur culture. Notre discussion a donc débuté à Genève. Elle s’est achevée sur Chamade, dans la marina ouest de Mariehamn, autour d’un dîner improvisé et d’un verre de rouge valaisan.
Je vous passe les péripéties historiques de la lutte pacifique des Asterix ålandais pour grignoter toujours plus de prérogatives et faire payer à Helsinki le prix fort de sa victoire diplomatique de 1921. Elisabeth Nauclér nous avait prévenus : « ça va prendre au moins trois heures ». Et ça a pris effectivement plus de trois heures, pour qu’en bonne juriste, elle nous détaille, l’esprit et la lettre de ce fameux statut d’autonomie, garanti par un accord international. Nous en avons retenu grosso modo que le modus vivendi (sans cesse amélioré) avec la Finlande fonctionne plutôt bien, vu les bénéfices secondaires et les compensations que les Ålandais ont su en tirer.
Aujourd’hui les îles Åland, c’est un peu Monaco sur Baltique, grâce au tourisme, au trafic maritime et aux services financiers, à l’agriculture et à la loterie virtuelle ålandaise qui finance essentiellement la culture. Un vrai paradis (attention, je n’ai pas dit un paradis fiscal. Puisque ce sont malgré tout les lois finlandaises qui s’appliquent en la matière. Paradis entre ciel et mer, où la seule langue reconnue est le suédois; où même un Finlandais doit théoriquement avoir vécu cinq ans et parler suédois pour pouvoir acquérir un bien foncier et ouvrir un commerce; où un petit ferry peut desservir une île de quatre habitants, où la nature est, elle aussi souveraine dans sa beauté.
Dans ces conditions, plus personne n’ose parler de « réunification » avec la Suède.
En 1995, les Ålandais ont voté – séparément- pour l’intégration à l’Union européenne, après s’être assurées qu’elles pourraient rester en dehors des accords concernant les taxes et garder leurs lois (mêmes celles contraires aux règles de l’UE). Ils ont surtout vu dans l’adhésion un moyen de rapprocher de la Suède. Mais hélas, l’UE ne négocie qu’avec les Etats, donc directement avec la Finlande et seulement en finnois. Ce qui génère de nouvelles frustrations. Résultat: aux dernières élections, un parti indépendantiste a raflé deux sièges au parlement ålandais. Elisabeth Nauclér s’en inquiète tout en proclamant que le combat continue, pour améliorer le statut d’autonomie et la représentation de l’archipel dans l’UE. « Nous ne sommes pas des privilégiés, affirme-t-elle. Le privilège c’est de parler la langue de la majorité » ! Du coup Marc s’est cru obligé d’adopter la fish attitude : silencieuse, mais parlante.
Les îles aux oiseaux
Par Marc à 09:47 :: 2010 Baltique
(Par Cyril Mahaim)
En regardant la carte, on a l’impression qu’une explosion gigantesque a atomisé une partie du continent pour en faire une myriade de débris de toutes les tailles et toutes les formes. Quand on est sur place, l’échelle de temps du phénomène devient tout autre, et on se passe le film de ce gigantesque glacier coulant sur le granit en le polissant inexorablement, puis se retirant peu à peu découvrant des dômes aplatis, formant maintenant un dédale d’iles et ‘ilots parfois sans un brin d’herbe, et parfois couverts de forêts.
(Ph. C. Huard)
Dans l’archipel de Turku et ensuite les îles Äland, on mesure l’expérience de Marc et de Sylvie pour décrypter les petit totems multicolores qui jalonnent les passages et marquent les obstacles. « Tu as une sud à gauche puis deux vertes avant la nord ». Un vocabulaire étrange pour un novice, mais qui peu à peu prend sa signification et rend conscient de l’attention constante qu’il faut porter à la trajectoire.
(Ph. C. Huard)
Heureusement, étant pénétré d’une confiance totale dans le trajet, je peux découvrir ce paysage étonnant d’une grande beauté, avec la zone rose des rochers près de l’eau et la couche supérieure noire des lichens avant le vert intense des pins, avec parfois des maisons en bois multicolores.
Macreuse brune (Ph. C. Mahaim)
Et je peux aussi regarder à loisir les oiseaux nombreux qui croisent notre route : Eiders bien sûr en très grand nombres avec les mâles dans leur belle livrés nuptiale, macreuses brunes, guillemots à miroir, oies cendrées bernaches nonettes, et le splendide grèbe esclavon avec ses huppes dorées et ses yeux rouge vif sur une tête noire.
Grèbe esclavon (Ph. C.Mahaim)
On se régale toujours des démonstrations aériennes des sternes arctiques, leur virtuosité à la pêche, souvent mal récompensée puisqu’il y a bien souvent un goéland cendré à l’affut pour les poursuivre jusqu’à ce qu’elles finissent par lâcher leur butin. Une belle diversité avec en tout plus de 70 espèces observées cette semaine.
Bernaches du Canada (Ph. C. Huard)
Un petit moment d’embarras à Turku après avoir expliqué que les goélands argentés ont les pattes roses, et les goélands cendrés les pattes jaunes, quand on voit un goéland argenté avec les pattes jaunes. Ma crédibilité a été ébranlée par l’ « exception finlandaise », les goélands argentés de l’est de la baltique qui ont effectivement… les pattes jaunes.
Goéland argenté (Photo C.Mahaim)
Une magnifique première incursion en Finlande, mille mercis, Marc, Sylvie pour votre appétit insatiable de faire découvrir des choses à vos amis
Goéland brun (Ph. C.Mahaim)
Finlande, Adieu !
Par Marc à 17:22 :: 2010 Baltique
(Par Sylvie)
Petit pincement au cœur en quittant Turku, son port de plaisance qui nous était devenu si familier, son petit café, ses piquets bleus clairs alignés le long du canal et le ferry orange qui nous amenait de l’autre côté de la rive, juste devant « Valintatalo », notre supermarché de proximité Dernière razzia de saumon sur l’étal d’un poissonnier qui nous raconte en français sa saison à Avoriaz et celle de la fraie qui va commencer. Il est temps de larguer les amarres avec Claude et Cyril pour aller musarder dans les cartes postales des archipels de Turku et des Älands (prononcez Ô Land )
Heï heï et kittos ( salut et merci). La Finlande, nous avons beaucoup aimé. Ce fut une rencontre chaleureuse et conviviale, avec des gens et un art de vivre insoupçonné. Tout ici semble fait pour offrir aux citoyens mal lotis par le climat, une dolce vita simple et confortable, en phase avec la nature.
Grâce, à un service public digne de ce nom, qui va de l’organisation sans faille des transports (terrestres comme maritimes) à d’autres services de première et de dernière nécessité. Où que vous débarquiez (à partir du mois de mai) dans de dédale de centaines d’îlots déserts, vous trouvez : des informations sur le lieu, la faune et la flore, des containers pour les déchets (triés), une table à pique nique, des chemins ou des routes balisés, un ponton pour un ferry et des WC publics.
Dans les coins les plus improbables, vous tombez sur de coquettes résidences secondaires, en bois, qui se cachent à l’abri des regards. Avec parfois dans le jardin un(e) retraité(e)s qui jardine et, en contrebas, l’inévitable sauna. Sous régime anti-stress (souvent nimbé de vapeurs d’alcool) la vie finlandaise ressemble un long fleuve tranquille. Ce qui rend visiblement rend les autochtones particulièrement causants et accueillants et soucieux des autres.
Mais parmi les découvertes les plus marquantes faites en Finlande, je retiendrai, dans l’ordre : la beauté des paysages, une étonnante gastronomie, la trottinette à quatre roues pour le 3ème âge, (pour renforcer la musculature des jambes quand on ne tient plus dessus) et la douche à garder les fesses propres en ordre qui orne tous les WC publics et privés de Finlande (elle est accrochée au lavabo et se tire jusqu’au trône). Constatant un jour la disparition de ces commodités très hygiéniques, j’ai réalisé que, sans passer de frontière, nous avions quitté la Finlande ou plutôt la culture finlandaise pour pénétrer la culture suédoise des îles « Ôh Land ».
En Finlande, les bouées aussi sont des « consommables » !
Par Marc à 07:52 :: 2010 Baltique
Husö, 1 km de diamètre, une petite île perdue au milieu des milliers d’autres de l’archipel d’Äland. 4 habitants permanents, des paysans qui élèvent des moutons sur le 1/4 de l’île qui n’est pas qu’un simple amas granitique. Un ferry qui s’arrête tous les jours pour desservir cette mini-communauté (ça c’est le service public !)
Et autre source de revenus, (outre sans doute quelques subventions pour maintenir une population sur l’île) une vingtaine de bungalows, loués l’été, qui doivent assurer aux locaux un revenu largement complémentaire.
Un ponton visiteur aussi, évidemment déserté en cette avant-saison. Et une bouée d’amarrage qui a bonne allure, sans la moindre trace de rouille visible…
Chamade s’y installe pour une douce soirée dans la lumière chaude du soir, une de ces lumières dont le Nord a le secret.
Au matin le vent de sud-est s’est levé et Chamade se retrouve, en douceur, le long du ponton. Au bout de l’amarre arrière, la tige métallique de la bouée, cassée nette sous la flottaison, victime d’une belle corrosion concentrée juste sous la bouée.
Pas de mal, vu que le vent n’a fait que nous plaquer lentement le long du ponton de bois.
Mais « ailleurs » non loin de rochers… ou de hauts-fonds, l’histoire aurait pu être dommageable ! Attention donc, en Finlande comme ailleurs, les bouées sont aussi des « consommables ».
Mais là encore, que faire ? Impossible de hisser à chaque fois la bouée et sa chaîne pour vérifier. Et l’amarrage sur bouée est quasi quotidien.
Nous voilà bien obligés de mettre çà sur le compte du « pas de chance ». D’estimer aussi que statistiquement, la répétition du problème est peu probable.
Mais une petite méfiance supplémentaire s’installe… sans doute de mise en un début de saison où tout est encore inactif.
A bonne entendeur !
Surprise : le chauffage est un « consommable » !
Par Marc à 07:44 :: 2010 Baltique
Ce n’était qu’un simple contrôle de prudence. Déjà à la fin de l’année dernière, notre chauffage à air pulsé Aeberspecher D4 avait montré quelques bizarreries, détectant parfois lorsqu’on le baissait, une surchauffe se traduisant par un arrêt immédiat. Avec l’Islande au programme, il valait donc mieux faire un petit contrôle de routine pour s’éviter des navigations masochistes. Les contrées froides sont magnifiques quand on a chaud, n’est-ce pas ?
Via Aeberspecher Finlande, contact était pris avec le représentant local, Jouni Hakamäki, de Autosähkö dans la banlieue de Turku.
Le voilà qui débarque avec ses instruments de diagnostic, qui permettent d’ausculter le circuit électronique. Première surprise, il ne trouve pas de code erreur. Il emmène le brûleur à l’atelier pour un bon décrassage, pas inutile après 3 années de gros service.
Et retour pour un nouvel essai : « no change ». Etrange. On rappelle notre spécialiste qui arrive cette fois-ci avec un ordinateur et un programme de scanning plus élaboré permettant d’affiner le diagnostic.
–How… your heater worked a lot : 5600 hours… (c’est enregistré dans la mémoire électronique de l’appareil et donc visible via le programme informatique de contrôle).
Rien d’étonnant à cela. Trois fois 6 mois en climat froid à très froid, souvent 24h/24, les heures de services sont évidemment nombreuses.
–Oui mais ces chauffages à air pulsé ne sont prévus que comme chauffage d’appoint et les spécifications d’Aeberspecher indiquent notamment que le ventilateur n’est calculé que pour 4000 heures (sic !)
Si on fait le calcul pour un camion (utilisateur les plus nombreux) qui se chauffe au moteur le jour et au chauffage d’appoint la nuit, cela fait environ 4 ans. Et la plupart du temps on change le chauffage après cette durée.
Et en plus le circuit électronique est manifestement en partie grillé puisqu’il ne « dialogue » plus avec le programme de test. Il n’enregistre plus les codes erreurs ni les pannes.
Jouni appelle encore la centrale Aeberspecher à Helsinki pour obtenir quelques conseils, mais quand il indique que le brûleur a 5600 heures, on sent qu’à l’autre bout du fil on hausse les épaules !
Que faire ? A 100 euros l’heure de travail, plus le déplacement, il faut se décider vite… le temps qui défile ne nous est pas favorable !
Jouni me propose alors un échange standard, un nouveau brûleur complet pour 1000 euros, plus le travail, ça va tourner dans les 1300 €. Consultation faite sur internet, le meilleur prix trouvé pour un chauffage D4 étant de 1800 euros, l’offre semble très correcte.
Et manifestement vu le programme, on n’a pas le choix.
Mais ça m’énerve prodigieusement. Il va donc falloir réviser notre approche et calculer différemment le prix de l’heure de chauffage !
En lisant les dernières pages de la notice Aeberspecher(celles qu’on ne lit jamais à la livraison du bateau !) il est indiqué que ce type de chauffage n’est pas adapté au chauffage permanent d’une maison, d’une caravane ou d’un bateau de plaisance. C’est un chauffage d’appoint. Ce qui correspond à 99% de l’utilisation à bord des voiliers.
L’autre solution, c’est le poêle, de type Wilkinson ou autres. Chauffage permanent, mais qui nécessite l’installation d’une cheminée, pas toujours efficace en navigation, et qui surtout prend une certaine place dans le carré. C’est l’option choisie par beaucoup de navigateur du Grand Nord résidant en permanence à bord. Ce ne fut pas notre choix, surtout pour une question de place à bord. On ne va changer d’option pour l’instant, mais il faudra donc considérer que « le chauffage est un consommable », à changer tous les 4 ans selon le programme.
Rationnel, logique peut-être, mais profondément agaçant. Vous ne trouvez pas ?
Coup de mou sur le pont de Turku
Par Marc à 11:56 :: 2010 Baltique
On l’appellera Arto (et Paasillina qui aime le loufoque qui confine à l’étrange ne m’en voudra pas !)… Arto qui a dû se dire en cette nuit du vendredi 5 mars, glaciale comme jamais, que décidemment il avait encore abusé de la bière… Et même un peu plus que d’habitude.
Au moment de regagner son domicile, de l’autre côté de la rivière Aura, voilà qu’au lieu de devoir monter sur la voûte du pont de Myllysilta, il avait l’impression de descendre dans une cuvette. « Oh là, se dit Arto, où va-t-on si les ponts se mettent aussi à avoir les genoux qui flanchent au sortir des longues soirées d’hiver… »
Et pourtant, Arto ne rêvait pas…
En cette nuit du 5 au 6 mars 2010, le tablier du Myllysilta Bridge s’est affaissé de plus d’un mètre, mais le plus étonnant, sans se rompre, ni même se fissurer.
Reste que depuis, on se perd en conjectures…
« C’est la glace, en quantité exceptionnelle qui a sapé ses fondations », déclare l’architecte à l’origine de ce pont construit en 1975.
« Ce sont les essais de charge de l’époque, affirme le président du Conseil de la ville. Ils furent beaucoup trop lourd, et déjà en 87 il avait fallu dépenser 4 millions d’Euros pour palier les premiers signes de faiblesses ».
Quelques bloggeurs locaux s’amusent à rappeler que la ville s’enorgueillissait alors d’avoir le pont le plus beau et le meilleur marché jamais construit. 96 mètres de long, d’un seul tenant, et d’une finesse… Il y en a qui doivent aujourd’hui regretter quelques couches de béton supplémentaires…
Seules certitudes :
-le pont est fermé à la circulation, et comme c’était l’un des principaux axes de la ville, les bouchons sont au rendez-vous désormais quotidiennement.
-le pont sera démoli, puis reconstruit. Et vite, puisque tout doit être terminé pour 2011, année pour laquelle Turku est désignée « Ville européenne de la culture ».
-Et que le ferry-boîte reste la plus sûre façon de traverser l’Aura, avec ou sans verre dans le nez !
Un premier bain tout en douceur pour Chamade
Par Marc à 11:50 :: 2010 Baltique
Chamade est donc retourné dans son élément un 28 avril. Et nous avons tout fait pour que le choc ne soit pas trop violent.
Surtout ne pas brusquer le bébé…
Lui tremper les fesses tout doucement… A la bonne température… celle dont il a l’habitude.
Et la nature, en ce mercredi nous a donné un coup de main. Au matin d’une nuit bien fraîche (-4°) la surface de l’eau était recouverte d’une pellicule de glace…
Il faut dire qu’il était prêt, bien préparé, nous venions de lui refaire ses couches
Toute belle, toute propre, le premier coup de pinceau depuis 2 ans. Il est vrai que par ici, les bébés ne se salissent pas trop.
Et les travaux d’entretien se sont succédé.
Remise en place du nouvel alternateur de l’éolienne (grillée en mars 2009 en Norvège)
Et installation de la nouvelle hélice Kiwi-Prop ainsi que d’un nouveau régulateur Sterling A2B (Alternator to battery) devant permettre de recharger plus efficacement le parc de batteries de servitude.
Enfin, la pose d’un winch de 46 pour la drisse de Grand-voile et les bosses ris (afin de ménager nos vieux os rudoyés par la taille trop petite du winch de drisse d’origine.
Restait à faire un premier essai.
Côté hélice, sans surprise nous perdons ¼ de nœuds au régime de croisière économique de 1800 t/m, et sans doute aussi un peu de puissance d’impact face à la vague. Voilà pour l’aspect négatif. Mais nous gagnons facilement un bon demi-nœud à la voile. Il y a aussi moins de vibrations, tout semble plus doux, y compris les embrayages. Reste à confirmer, et à mesurer l’impact de la perte relative de puissance. Ce n’est pas en 10 milles de navigation qu’on va tirer des conclusions définitives.
Même chose pour le régulateur Sterling. Si les premières courbes de charges montrent des résultats prometteurs (meilleures tension et courant de charge), là aussi il faudra faire des comparaisons sur la durée.
Bref, une bonne semaine la tête dans les fonds et les coffres du bateau, mais c’est maintenant terminé. Place à la navigation. Avec une première étape jusqu’au centre de Turku pour aller y accueillir Claude et Cyril qui viennent avec nous pour partir à la découverte des archipels de Turku et d’Äland, soit près de 20’000 (vingt mille !) îles sur un espace d’une centaine de mille. A déguster avec modération, en espérant que le printemps qui semble pointer son nez ces jours, ne va pas jouer les timorés pendant trop longtemps.
Back to the Winter
Par Marc à 20:47 :: 2010 Baltique
(Par Sylvie)
Et voilà. C’est reparti pour un tour de mer.
Toujours dans le nord puisque notre destination, cette année, c’est l’Islande. Si Mister Eyjafjöll (oui, j’ai très bien prononcé) n’y voit pas d’inconvénient. Déjà qu’il nous a obligé à atterrir là où nous n’avions aucune intention d’atterrir. Nous devions arriver à Turku au sud ouest de la Finlande, pour récupérer Chamade et à cause du nuage de cendres, nous nous sommes retrouvés 650 km plus au nord, à Oulu, à quelques encablures du cercle polaire.
Nous aurions bien aimé vous faire voir Oulu, la seule ville au monde probablement qui a osé ériger une imposante statue à la gloire de la police et surtout le golfe de Botnie.(Oulu est située au fond du golfe) entièrement gelé, en ce 22 avril.
Mais bon. Vous ne verrez pas la photo du cargo navigant au milieu d’une vaste étendue blanche, comme posé sur une immense patinoire. Vous ne verrez pas la neige sur les dunes de sable, ni les forêts de sapins et de bouleaux qui n’en finissent pas de défiler le long de la route, ni maisonnette de Tiina au bord d’un lac sombre, ni celle de Monica et de Shaka que nous avons retrouvés avec bonheur (cf. vidéo le repas de Babette, septembre 2009).
Vous ne verrez pas tout cela, parce qu’il nous est arrivé ce qui ne nous était jamais arrivé en deux mois de voyage en Russie : nous nous sommes fait voler notre appareil photo, avec tout ce qu’il avait en mémoire. Laissé une minute sans surveillance sur le siège de la voiture, lors d’une halte dans une station service. Oui, parfaitement, dans la Finlande profonde. C’est où finalement le Bronx ?
Bref. Après Oulu, c’est par la route (et les forêts qui vont avec) que nous avons rejoint Tiina. Nous l’avions rencontrée l’an dernier à Petrozavodsk, en Carélie russe, où elle venait comme chaque été disputer, avec son frère et son père, les régates du lac Onega. Elle habite pour l’instant avec sa fille, la maison de vacances familiale, totalement isolée à une trentaine de kilomètres de Kuopio. Dans cette région truffée de lacs, tous reliés entre eux. Celui de Tiina était tout juste en train de dégeler. Raison pour laquelle nous n’avons pas mis un doigt de pied dedans, même après un super sauna au feu de bois d’où il suffisait de sortir quelques minutes à l’air libre pour se faire cailler le sang.
Un détour par l’industrieuse ville de Tampere, une escale chaleureuse et gourmande chez Monica et nous avons retrouvé Chamade, sur son perchoir du chantier de Turku, avec vue imprenable sur les bâches et les mâts. Ouf les batteries et le chauffage sont en parfait état de fonctionnement, malgré des mois d’hiver à -35°.
Oui, oui… C’est la vue sur les bâches, au clair de lune !