Un Pacifique Nord lunatique

Du Kamchatka à Attu, la plus ouest des îles Aléoutiennes, 535 milles nautiques à parcourir (990km).
Une traversée qui s’annonçait sous les meilleures auspices (vents modérés portants). De plus, les autorités nous convoquaient au port principal dès 9 heures, on allait ainsi pouvoir attraper le bon train météo.

Mais de la coupe aux lèvres… On aurait dû se méfier quand il a fallu patienter plus de 3 heures le long d’un quai pour obtenir 4 petits tampons dans nos passeports.
Ordinateur portable de la préposée en panne, temps infini pour aller en chercher un autre… « C’est la Russie !» concluait une fois de plus notre ami Alexei.
Le temps de sortir de la baie d’Avacha et le vent avait disparu. Plus un souffle, une mer d’huile et le copain Volvo au travail… Deux jours durant le « doux » ronron de nos 40 chevaux va nous accompagner.

Puis soudain sur le dernier fichier météo, voilà que Dame Dépression quitte sa trajectoire à l’est d’Attu pour faire machine arrière ! Le vent se lève vite… puis se renforce… et se renforce encore. Bientôt 30 à 35 nœuds, 3 ris dans la grand-voile et trinquette arrisée, au près dans une mer qui se creuse, Chamade se transforme en lessiveuse.

Le bouquet offert par Andrei a survécu à la tempête!

On croise le rail des cargos, on détourne (par appel à la VHF) l’« Icelandic Spirit » qui nous arrive en plein dessus, on fait encore le gros dos 24 heures et soudain alors que le vent devient raisonnable, dans la boucaille, une forme sombre… c’est bien Attu et ses sommets enneigés.

Apparition toujours magique, même si au temps du GPS il n’y a plus guère de suspens ! Mais l’île nous surprend, on ne l’attendait pas aussi montagneuse.

Avec Laurent et Jean-Pierre, l’arrivée aux Etats-Unis

La nuit tombe mais l’approche semble possible grâce au GPS. En période de pleine lune, malgré le temps couvert, règne une faible lumière fantomatique. A l’avant, muni d’une torche puissante, Laurent tente d’apercevoir les bancs de kelps (longues algues fibreuses)qui pourraient se prendre dans l’hélice… Bientôt l’ancre descend. Le moteur se tait. Le silence est total. Seul le tintement des verres résonne dans la nuit.
Bienvenue aux États-Unis

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