L’adieu au Nord

(Par Sylvie)

Une page se tourne. Après 7 ans passés dans le (grand) Nord, Chamade s’est mis à voguer vers des cieux plus cléments, sous d’autres latitudes. La transition s’est faite en douceur, en cinq jours de navigation. Cinq jours dans un no man’s land de brouillard derrière lequel le soleil tentait vainement de percer :

Cinq jours durant lesquels j’ai pris mentalement congé du Nord. Sans nostalgie, mais avec un intense sentiment de satisfaction. Parce que  pour être franche, j’ai bien aimé découvrir ces régions de glaces et de froidure, austères et isolées. Et puis je n’ai pas eu si froid que ça. Je crois même que j’ai pris goût, non pas aux basses températures, mais à l’immensité, aux contrées sauvages que l’on peut traverser des jours durant, sans voir âme qui vive.

J’ai appris beaucoup sur les gens du Nord. Sur les cultures des Pomores, des  Inuits, des Tchouktches, des Aléoutes, des Indiens de Colombie britannique.

Je me suis enrichie de toutes les rencontres que nous avons faites au cours de nos voyages, Cet été encore, il y a eu John et Gerry, venus du Névada, passer leur retraite dans le climat tempéré d’Anacortes. Il y a eu Jean et Helen, des boat people urbains, qui vivent sur leur bateau au beau milieu des gratte-ciels de Vancouver, dans une marina autogérée par ses habitants groupés dans une coopérative.

Il y a eu aussi, Renee et Susan (dont nous avons déjà parlé dans le blog). Et aussi  Flavien, le Français qui, tout en gérant un B&B, dirige le petit « visitor center » de Sandspit à Haida Gwai, durant la saison d’été. Le reste du temps, il voyage. Ce sont tous à leur façon des nomades des temps moderne, comme on en voit tant sur le continent américain.

J’ai pensé à tout ça durant les nuits de quart, en voguant vers Frisco. Je me suis remémoré la banquise, les icebergs, les glaciers, les déserts de roches où rien de saillant  ne pousse.  La toundra rousse de la fin août dans le nord de l’Alaska, les  magnifiques forêts de conifères que nous avons traversées jusqu’à l’overdose ces deux dernières années….

Et j’ai eu soudain une folle envie de voir des palmiers et de sentir la chaleur du soleil sur ma peau.

Dernier mouillage, avant Frisco, dernière trempette dans de l’eau à 15 degrés, sous l’œil désabusé d’un pélican…

Demain nous passons sous le Golden-Gate, pour aller de l’autre côté du brouillard, où se trouvent les palmiers.

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