Daniel, ou l’amour d’Okinawa

Derrière son comptoir chez Swissair, Daniel aurait-il pu imaginer qu’un jour il se retrouverait entrain d’animer une émission de télévision sur une chaîne locale d’Okinawa… et en japonais s’il vous plait !

Incroyable destin que celui de ce « segundo » bien helvétique, jurassien… du canton du Jura.

Son père, espagnol, était venu en Suisse à la fin des années cinquante, comme saisonnier, par nécessité  économique.

Et Daniel, après un début de carrière chez Swissair (au sol) a choisi lui aussi d’émigrer. Pour une autre forme de nécessité… celle d’exister pleinement, artistiquement.

Daniel qui débarque, en 2004, au Japon, qu’il découvre du nord au sud, d’Hokkaido jusqu’à Okinawa. Et c’est là, dans ce Japon subtropical qu’il découvre sa terre promise. Le voilà qui prend des cours de japonais, puis qui entreprend un master en arts visuels à l’université d’Okinawa.

Si le cœur, l’essence même de son travail est alors la photographie, son caractère solaire, son goût des autres et les nombreux contacts qu’il établi à Naha (capitale d’Okinawa) vont lui offrir une expérience pour le moins insolite. Il va durant 5 ans, co-animer une émission de divertissement sur une télévision locale. Au côté de sa collègue japonaise, il est le « gaijin » (l’étranger) de service qui fait l’originalité du programme. Si  l’expérience a aussi pour effet de lui permettre de parler couramment le japonais, elle n’est qu’un moyen. Daniel, désormais amoureux d’Okinawa laisse tomber la Tv pour se lancer dans deux nouvelles grandes aventures.

Celle d’une part de  fonder une famille avec Sachiko, donnant naissance à leur fils Ruy.

Et d’autre part de se consacrer à son métier de réalisateur de films documentaires.

Le premier, un long métrage, vient tout juste d’être achevé et nous avons eu le privilège de le voir en « avant-avant-première » privée !

« Katabui, au cœur d’Okinawa » : une vraie déclaration d’amour à cette île, à ses habitants et à sa culture toute particulière. Okinawa, royaume indépendant, à mi-chemin entre Chine et Japon, dont l’histoire est plus faite d’asservissement, de colonisation et d’occupation. Japonaise d’abord puis américaine au terme de la terrible bataille d’Okinawa, où la population civile, prise en étau entre l’impérialisme fanatique japonais et la puissance de feu de l’armée américaine, paiera un très lourd tribut. Si aujourd’hui Okinawa est totalement japonaise dans sa vie quotidienne, et très américaine de par la présence des bases militaires qui occupent encore 20% du territoire, sa population continue de cultiver sa différence, sa spécificité culturelle, son esprit d’ouverture mais aussi son héritage au travers d’un culte des ancêtres soigneusement entretenu.

Tout cela, Daniel le raconte dans ces 90 minutes d’une rencontre culturelle riche et subtile. Au terme de laquelle on ne regrette qu’une chose : de ne pas y rester plus longtemps, et surtout de ne pas parler la langue. Car à Okinawa, comme souvent au Japon, ce n’est pas le paysage qui compte mais les gens.

« Katabui, au cœur d’Okinawa », à découvrir lors de sa sortie en Suisse et en Europe (au début de l’automne 2016)

P.S : Daniel, c’est aussi un ami de Robin Erard, notre réalisateur de cinéma, qui avait en 2011 monté notre film « Quand le pôle perd le Nord ». C’est grâce à lui que dans la plus pure tradition des « Chamaderie » le cercle des amis s’est encore agrandi.

Ruy, futur « Chamadien »?

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