En tee-shirt, sur les traces de l’expédition Franklin

Une large baie circulaire couleur sable un isthme de graviers. Sous le soleil qui donne à l’eau des reflets turquoises, Beechey island (74°43N / 91°50W), fait plutôt penser à un lagon de l’océan indien qu’au grand-nord glacé.

Et pourtant…là bas sur au creux d’immenses collines, reposent les héros inconnus d’une des plus célèbres expéditions polaires du 19ème siècle. Nous sommes en 1845, John Franklin, explorateur de renom, reprend à 50 ans du service. Il est dépêché par la Navy pour tenter une nouvelle fois de trouver le fameux passage du Nord-Ouest. Avec, cette fois des moyens considérables : deux bateaux dotés de machines auxiliaires à vapeur, un équipement scientifique ultramoderne, 139 hommes d’équipage et des vivres pour trois ou quatre ans, grâce à une toute nouvelle invention : la boîte de conserve. Mais Franklin ne reviendra pas. Sa femme lady Jane, va remuer ciel et terre pour le retrouver. Elle ameute l’opinion publique britannique, le Tsar, le Président américain et la Navy. En neuf ans, quatorze navires partiront à la recherche de l’explorateur britannique. En vain. Mais en 1854. Coup de théâtre. John Rae, employé de la Compagnie de la baie d’Hudson revient à Londres avec des nouvelles : Franklin serait mort, pris dans les glaces et ses hommes d’équipages se seraient dévorés entre eux pour survivre. Des Inuits ont vu les corps mutilés. Polémiques, scandale : Lady Jane réfute les accusations de cannibalisme. Elle veut laver la réputation de son mari et, sans doute, prouver qu’il a franchi le passage du Nord-Ouest avant de mourir. Deux navires partirons encore qui retrouveront les restes de l’expédition.

Ironie du sort, les tombes de Beechey island sont, celles de trois hommes d’équipage de Franklin, morts, empoisonnés par l’oxyde de plomb des fameuses boîtes de conserves de Franklin, au début de l’expédition et d’un marin parti à sa recherche quelques années plus tard. Franklin, lui, est mort plus loin. Il aurait découvert le Peel Sound (deuxième corridor, après le Lancaster Sound, vers le passage), où il est resté prisonnier de la banquise. Il n’a pas franchi le passage du Nord-Ouest. En méditant, presque qu’en tee-shirt, sur cette sombre histoire, nous sommes retournés à notre bateau. Juste à temps pour assister au départ du 100 mètres nage libre des phoques de Beechey. Dûment encouragés par les volatiles du coin, contre lesquelles nous avons failli déposer plainte pour tapage nocturne….

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