Hansando : La mère de toutes les batailles

Nous voici dans le repère du plus grand héros de la Corée : l’amiral Yi Sun Sin. Celui qui infligea deux cuisantes défaites à la flotte japonaise.

Nous sommes en 1592, l’armée japonaise envahit la Corée (déjà!). Sa flotte militaire tente de contrôler  les innombrables chenaux qui caractérisent la côte sud de la péninsule coréenne, par où passe l’essentiel du ravitaillement de l’armée des Shoguns. Mais dans son fief, caché au fond d’une baie de l’ile d’Hansan, juste en face de Tongyeong, l’amiral résiste. Il développe même le premier cuirassé de l’histoire navale, le fameux bateau « Tortue », un navire complètement fermé, couvert de plaque de cuivre et hérissé de piques destinées à empêcher tout abordage. Et sur les flancs, il installe des canons derrière de petits sabords. A une époque où l’on vainc son adversaire en l’éperonnant ou en l’abordant, c’est une véritable révolution.

Le 8 juillet 1592 les Japonais vont l’apprendre à leurs dépends.

Yi Sun Sin attire une armada japonaise de 73 navires dans le détroit qui sépare Tongyeong de Hansando, et au terme d’une splendide manœuvre appelée « ailes de grue » il détruit 47 navires ennemis et en capture 12.

Mais le héro n’en sera guère récompensé. Au contraire, sa gloire suscite les jalousies et les rivalités. On l’accuse même de trahison. Pour sauver sa réputation, Yi Sun Sin se rend à la cour de Hanyan. Il y est emprisonné, jugé et… acquitté. Il se retire alors dans son île. Mais la guerre continue avec le Japon et finalement Yi Sun Sin reprend du service. Il va accomplir son plus grand exploit en 1598, en anéantissant une flotte japonaise de 330 navires alors qu’il ne dispose, lui, que de 3 bateaux « tortue » et de 10 navires légers. L’armée japonaise est mise en déroute et quitte la Corée. Mais Yi Sun Sin est touché par une balle de mousquet et meurt en pleine bataille.

C’est dans les années 1970 que dans son île de Hansan, les restes de sa base militaire sont restaurés et transformés en un véritable sanctuaire.

Tableau exposé au sanctuaire d’Hansando

Mais la Corée devait revoir les troupes japonaises débarquer à la fin du 19ème siècle. Une colonisation qui devait durer jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale. Une longue domination souvent brutale avec des déplacements de travailleurs forcés et la mise en esclavage sexuel de dizaines de milliers de jeunes coréennes (200’000?) par l’armée japonaise, les fameuse « femmes de réconfort »

Il a fallu attendre le 28 décembre 2015 pour qu’un accord soit signé entre le deux pays. Le Japon présentant enfin ses excuses.

Côté coréen, même si on n’hésite plus aujourd’hui à sauter dans l’hydoglisseur quotidien pour aller faire ses courses en duty-free à Tsushima ou Fukuoka, rien n’est oublié et l’occupation japonaise reste très présente dans les esprits.

Ainsi à Tongyeong, on s’enorgueillit d’avoir le premier tunnel sous-marin construit en Asie. Il relie les deux côtés du port. Il fut construit dans les années 30, durant l’occupation japonaise, en érigeant deux digues et en asséchant le goulet avant de construite le tunnel en béton.

Construction du tunnel dans le canal asséché

C’est désormais un « monument historique ». Mais sur la plaque de commémoration il est inscrit :

« Malgré le fait que ce tunnel ait été initié et implanté par les Japonais, il a une grande valeur historique puisque le travail et les matériaux investit ont été fourni par le peuple coréen »

Voilà qui en dit long sur l’état d’esprit qui règne encore…

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