Klemtu : la malédiction des loups

(Par Sylvie)

Notre escale à Klemtu devait juste nous permettre de compléter notre ravitaillement en eau et en lait, avant de partir à la  recherche du Spirit Bear, ou si vous préférez du Kermode (une espèce mutante d’ours noir, dépigmenté, à ne pas confondre avec un ours polaire). A part son épicerie  aucun autre intérêt à priori à s’arrêter dans ce village où vivent  400 descendants des nations Kitasoo et Xai’Xais. Erreur.

Mais nous avons rencontré George, le gardien de la « big house » où se déroule chaque année le grand potlach (cérémonie rituelle qui fait appelle aux esprits de la mythologie indienne)

Visite guidée. George raconte ses racines, ses grands parents, obligés de parler anglais et d’oublier leur propre langue. Lui-même ne l’a jamais apprise, mais il ne s’exprime pas non plus dans un anglais très intelligible.  Pris entre deux culture, il ne possède ni l’ancienne, ni l’actuelle. Installé à Vamcouver, il a pris sa retraite à Klemtu, parmi les siens. Il habite, une sorte de villa qui semble encore en chantier, avec sa famille nombreuse. Quand on lui demande combien de petits enfants il a, il répond : « Too many ».  Quel que soit le masque dont il se pare, Georges est le démiurge le plus touchant que nous ayons rencontré.


C’est lui qui nous invite à la soirée de remise des prix, à l’école de Klemtu. Nous le retrouvons danbs la salle de gym, sur son 31, avec une chemise satinée mauve. Peter, le directeur italo-croato canadien de l’école nous accueille aussi avec cordialité. Le buffet canadien déborde de sucreries, de pizzas  et autres denrées qui vous font prendre 15 kilos rien qu’en les regardant.  Il est à la mesure de la générosité,  des appétits et donc, des corpulences locales.

A Klemtu, il n’y a pas que les habitants qui sont gourmands. Les loups aussi veulent s’empiffrer et, le soir tombé, ils rôdent jusque dans les rues du village où des chiens disparaissent mystérieusement. Morteeza  un enseignant  d’origine iranienne,  les observe depuis des jours. Il va nous emmener jusqu’à eux. Mais Trop tard! Les rangers nous ont devancés sur les lieux. Ils nous demandent de rebrousser chemin. Les loups s’approchent trop des humains, ça devient dangereux, il faut les liquider.

C’est ainsi, avons nous appris au matin, qu’un loup serait mort à Klemtu, alors que nous y étions. Depuis, la malédiction de cet esprit surnaturel nous poursuit. Entre esprits indiens on se tient les coudes. Nous avons sillonné les meilleurs « spots » à spirit bears sur l’île de la Princesse royale (environ la superficie de la Suisse romande) où ils sont aussi nombreux que les habitants de Klemtu. En vain. Le Kermod se terre quelque part dans le pot de chambre qui lui sert d’abri, au milieu d’insondables forêts qui baignent dans les nuages et la pluie.

Nous n’avons pas vu le spirit bear, mais nous avons au moinscompris le pourquoi de sa mutation génétique. A l’ombre des cèdes et desépicéas, privé de soleil, terré dans la mousse humide, comment pourrait-il avoir la peau pigmentée comme ses congénères plus bronzés ?

Notes de Marc :

-Le problème de la pigmentation s’applique totalement à Sylvie qui dépérit depuis 10 jours !

-La route visible sur la photo des Rangers est l’unique route de Klemtu. 1,5 km qui relient le village au terminal du ferry. 2 voies, ligne jaune, bordure blanche, panneau indicateur (si si ! au cas où hésitiez sur la direction à suivre), présélections pour l’embarquement… rien ne manque. Et au village, une bonne cinquantaine de voitures, 4×4 pour la plupart !

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