La caravane des Cap-Horniers

La caravane des Cap Hornier,

Jamais deux sans trois ! La première fois que nous avons passé le Horn, c’était en 2003, sur Philos. Le mythe du terrible cap Horn n’avait pas résisté au soleil et au doux Zephyr qui nous avaient fait passer le caillou de la terreur, au moteur. En compensation nous avions pu mouiller à ses pieds et le gravir. Les gardiens du phare, un jeune militaire et sa compagne nous avaient offert un café dans leur petite maison qui, pour ne pas s’envoler certains jours, était amarrée au rocher par de solides câbles. Nous étions seuls. Nous étions venus découvrir les canaux de Patagonie. 

La deuxième fois, c’était en 2013, au retour de notre virée en Antarctique sur Podorange.  Nous sommes passés vite fait. Avec 40 nœuds de vent…nous n’allions pas nous attarder. Mais en dix ans, le nombre de paquebots et de bateaux charter avait déjà bien proliféré. 

Et aujourd’hui rebelote, avec la différence que nous avons franchi un cap Horn d’anthologie, bien gris et revêche, avec Chamade. C’était un vieux rêve, nous l’avons réalisé. Mais comme c’était le rêve de beaucoup de gens et que la fenêtre météo était très courte, nous avons suivi ( à distance) la caravane des voiliers (une demi douzaine, en plus des monumentaux cruises ships que nous avons trouvé en observation sur place). Tous ont traversé la terre entière pour entrer dans la légende qu’ils contribuent, paradoxalement à banaliser. 

Et vous, alors, me direz-vous ?  N’avez-vous pas fait comme eux ?  Oui …et non ! Pour nous, ce dernier voyage sur Chamade, c’était avant tout de retrouver en Patagonie chilienne, le sentiment existentiel  de se fondre dans une nature brute et indomptable, une nature encore inviolée dont nous pouvons nous sentir partie intégrante. Un sentiment qui m’a beaucoup marquée, au cours de nos navigations. Le cap Horn, lui, était une façon élégante de boucler la boucle de nos 18 ans de vie avec Chamade. Nous étions passé de l’Atlantique au Pacifique par le Nord, nous sommes repassés du Pacifique à l’Atlantique par le Sud. Nous ne pouvions pas rendre plus bel hommage à notre bateau. Merci à lui de nous avoir fait découvrir tant de mondes sauvages qui, peu à peu, se transforment en terrains de jeux. 

La nature hurle, la caravane passe!