La Nahwitti Bar

Quand vous évoquez l’idée de contourner la pointe nord de l’île de Vancouver, tous les marins du coin vous demandent aussitôt : « Vous connaissez la Nawhitti Bar ? Attention… la mer peut y être infâme… »

Un œil sur la carte permet de constater qu’au sortir du Goletas channel, au moment de la marée descendante, le fort courant qui porte à l’ouest rencontre, juste sur une soudaine remontée des fonds, la grande houle du Pacifique. Le conseil est toujours le même, passez à l’étale (renverse de courant) et si possible tôt le matin, avant que le vent de nord-ouest se renforce et rende la barre complètement chaotique.

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En cette aube du 23 juillet le vent est totalement nul et la mer complètement lisse lorsqu’on approche de la fameuse barre. Nous sommes à la pleine lune et donc en marée de vive eaux. La table prévoit un courant de 4 nœuds. Rien donc de trop inquiétant et je décide donc de passer sans attendre l’étale. Le temps est couvert et la lumière encore faible. Mais voilà soudain droit devant un liseré sombre et des crêtes d’écume : la barre… la fameuse barre. Dans ce calme plat, les vagues font pourtant presque 2 mètres de haut, alors qu’il y a encore 17 mètres de profondeur ! Avec une façade quasi verticale. Chamade « rentre dans le tas », plongeant l’étrave sous l’écume, l’eau remontant pratiquement jusqu’au pied du mât ! Le chaos dure une dizaine de minutes avant que tout se calme aussi vite que cela a commencé.  Rien de bien méchant, mais je rappelle que nous sommes par calme plat, sans houle et sans vent ! On imagine alors sans peine ce que cela peut donner par gros temps de nord-ouest… Tout simplement infranchissable !

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Désormais je pourrais aussi demander au néophyte de passage : « Vous connaissez la Nahwitti Bar ? … »

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