Les murs de Katiu (Dans la tête ?)

Nous voilà à nouveau en mer, direction Tahiti.

3 jours de traversée sans doute vu la faiblesse du vent qui nous pousse vers Papeete.

Mais il fait grand beau et il y a longtemps que nous n’avons eu une traversée aussi confortable. Alors si elle devait durer un peu plus que prévu… cela n’est pas bien grave.

Nous avons quitté Katiu aux premières lueurs de l’aube ce samedi 27 juin juste avant que le courant dans la passe nous bloque pour 6 à 8 heures de plus.

Le bateau est chargé de colliers de fleurs et de coquillages. Ceux que nous ont offerts Léa, Léontine ou encore Faahei et Ange qui sont venus à l’aube pour nous larguer les amarres. Ange, jeune pécheur et jeune papa qui dès le deuxième jour nous avait offert le poisson de notre repas (4 délicieux nasons). Ange qui devra bien se trouver un avenir pour nourrir sa petite famille et à qui nous avons donné notre petit moteur hors-bord qui a rendu l’âme l’autre jour. (Bouchon de vidange desserré, fuite d’huile… manque d’attention… et le moteur qui serre) C’est réparable bien sûr, mais quand et à quel prix ? Les amis débarquent sous peu à Papeete et il nous faut un moteur. On cassera donc la tirelire à Tahiti… et notre « vieux » moteur (8 ans) saura faire le bonheur d’Ange pour sa pêche quotidienne dans le lagon.

Départ touchant donc, après une dernière soirée bien sympa avec Léontine et Léa devant le steak-frites du vendredi. Départ chargé d’émotion comme toujours, mais aussi avec un étrange sentiment.

Katiu, c’était un pari : celui d’une plus longue escale dans un atoll peu visité afin de pouvoir mieux s’immerger, mieux partager la vie des Paumotu.

Pari gagné ? Certainement tant l’escale fut riche. Que d’enseignement sur la manière de vivre de ces habitants isolés sur leur motu. Avec des découvertes, comme Léa l’enseignante infatigable, comme Léontine, la « businesswoman » volcanique, comme Jacques pêcheur infatigable qui mène sa barque (au propre comme au figuré) avec ténacité. Comme Tihara et Nicole et leur business de vente de poissons « Katiu fisches ». Ils expédient le poisson pour manger par l’avion du mercredi et le poisson d’aquarium par l’avion du samedi. Autant de personnes, de personnages, de bosseurs qui font Katiu.

Parc à poissons (ou plutôt piège…)
Des nasons dans le piège et bientôt dans l’assiette

Mais reste aussi un constat : si la gentillesse était toujours au rendez-vous, si quelques contacts furent privilégiés, quelques rapports chaleureux et quelques amitiés créés, pour le reste les contacts furent discrets et les échanges rares. Même lors de notre soirée conférence-film consacrée au Grand Nord, si une trentaine de personnes sont venues, elles sont reparties dès la fin du film, sans un mot, sans une question.

Il y a bien sûr la timidité, mais cela n’explique pas tout. Frappant de voir les gens comme retranchés derrière leur barrière, leur palissade, leur grillage. Nous avons vraiment eu le sentiment qu’à Katiu c’est chacun pour soi, chacun chez soi. Une forme d’individualisme qui contraste fortement avec ce que nous avons connu aux Marquises. Les barrières seraient-elles désormais dans les têtes ?

Comme à Makemo d’ailleurs, autre village où les palissades ont poussé ces dernières années. Dommage !

Mais les colliers qui ornent désormais Chamade sont aussi là pour nous le rappeler… Grâce à Léa, Léontine, Naumi, Ange, Bill et les autres, il y a eu de belles rencontres et de beaux partages. N’est-ce pas là l’essentiel et le sel du voyage.

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