Tempête sur Nuussuaq

Changement de décor aujourd’hui derrière l’île de Disko. Un ciel de plomb a remplacé le soleil magnifique de ces derniers jours et le dernierfichiers grib indique qu’un dépression remonte vers la baie de Baffin.

30 à 40 nœuds bien au large, et 25 à 30 nœuds de sud-est sans doute près des côtes où nous sommes. Rien de catastrophique, mais cumuler mauvaise visibilité, vents forts et mauvaises mer au milieu de la centaine d’icebergs et de glaçons entre lesquels nous devons slalomer, n’est pas une bonne idée. Il faut donc chercher un mouillage. Et à la sortie du Vaigat, ce chenal qui sépare Disko du Groenland, il n’y en a qu’un seul : Nuussuaq (70°41N 54°35W)

Sur la carte marine ce n’est que 3 îlots non cartographiés, mais le guide de navigation de Willy Ker en donne un croquis et indique que la protection y est bonne. Nous y jetons donc l’ancre, non sans mettre beaucoup de chaîne.

Et bien nous en prend : vendredi dans la journée le vent monte peu à peu, et comme il contourne la montagne, il s’engouffre dans le mouillage levant un bon clapot. On se retrouve ainsi « cul » à la côte rocheuse, 100 mètres derrière. Et ça monte encore. A 18 heures le vent moyen est de 35 nœuds et les rafales dépassent les 45 nœuds. Chamade pioche et tire tout ce qu’il peut sur son ancre qui… tient bon ! Et la glace semble vouloir éviter d’entrer dans le mouillage, seuls quelques glaçons nous mettant par moment sous stress.

Durant ces quelques heures le sentiment de solitude est incroyable. Que déjà le coin donne dans le sauvage le plus absolu, mais sous la pluie, le ciel de plomb et le hurlement du vent, on se sent vraiment loin… très loin… et seul. Durant le plus fort, je mets le moteur en route et veille à la barre, histoire d’être prêt à réagir en quelques secondes au « cas où ». Cas qui ne se produit pas, merci à notre ancre « Spade ».

Et samedi matin, les 20 nœuds restant nous semblent « un calme plat ». Départ donc pour le nord, dans une mer chaotique et un vent tout aussi désordonné. 80 milles à se faire brasser, à manœuvrer pour finalement atteindre sous le soleil revenu un autre mouillage fantastique : Amitsoq, (71°49N 52°23W) petite baie protégée par une langue de sable d’une ancienne moraine : elle ne figure même pas sur la carte marine. Là encore le guide de Willy Ker fait merveille.

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