Dimanche 19 juin:
Remonter la côte sud-ouest du Groenland en juin, c’est bien vite se heurter au « Storis ». Cette masse de glace, de glaçons devrait-on dire, mais dense, souvent très dense, et impossible à franchir pour un voilier.
Une glace en provenance de la côte est du Groenland, qui poussée par le courant, contourne la pointe sud, le cap Farwell et remonte le long de la côte sud-ouest jusque vers 61°N (62°N il n’y a pas si longtemps) Le Storis, nous l’avons rencontré dès samedi à l’aube et l’avons contourné par l’ouest, longeant à distance cette impressionnante bande blanche barrant la mer. D’après la carte des glaces de vendredi soir 16 juin, nous semblions bien placés. C’était pourtant négliger la force des courants, et samedi soir nous nous retrouvions pris dans la nasse. Bien vite il fallu se rendre à l’évidence et faire demi-tour, plus de 15 milles vers le sud avant de trouver une sortie vers l’ouest et la mer libre. Pas pour longtemps puisque dimanche matin, nous étions à nouveau face à une ceinture de glace, moins grande celle-là, mais qui ne peuvent figurer sur les cartes, seul un sigle en forme de « S » indiquant le risque de présence de telle ceinture dans une zone donnée.
Heureusement la densité de ces ceintures permet généralement d’arriver à les traverser, moyennant un beau slalom à vitesse réduite entre les plaques de vieille banquise. Pour autant que le brouillard ne s’en mêle pas! Un brouillard qui retombait un peu plus tard, nous laissant avancer dans la ouate, l’homme de quart aux aguets, prêt à éviter les nombreux petits growler (glaçons) qui surgissent à tout moment. Bref… pas vraiment le temps de s’ennuyer.
