Que sont nos amis devenus ?

Nuku Hiva. Le soleil se lève à peine lorsque nous contournons la silhouette massive de l’île pour entrer dans la baie de Thaioahe.  Tiens, il semble que des maisons ont poussé sur flanc de la montagne. Et ce gros Tiki perché  sur la colline qui domine le port, il a poussé lui aussi!  Par ailleurs , le plan d’eau où les voiliers peuvent ancrer a été balisé … plus question de mouiller juste devant le petit quai.  Nous nous en approchons le plus possible, en comptant nos voisins. Il y a une bonne soixantaine de bateaux ancrés dans la baie, ni plus ni moins qu’en 2014.

Y-a-t-il eu beaucoup de changements, depuis notre dernier passage ? Et que sont devenus nos amis, Teiki  (le tatoueur, héros de notre film, « les racines et les troncs ») et toute la tribu de ses tontons et taties ? Ils ont répondu de façon très laconique à l’annonce de notre arrivée.  Nous avions oublié qu’au Marquises,  c’est le temps présent qui prime.  Un coup de téléphone et tout le monde est mobilisé. On se voit quand ? Tout de suite, au petit quai… et ce soir aussi,  à Taipivai pour l’anniversaire du frère de Tonina. Si, si, venez,  on passe vous chercher. Trois de plus trois de moins … Du coup, le soir même de notre arrivée, nous nous retrouvons tous, avec ceux qu’on ne connaît pas, autour d’un buffet pantagruélique ( viandes de chèvre et de cochon sauvage, crabes crus, fruits de met, bananes cuites, riz …), on mange, on bavarde par petits groupes, pendant que Tonina Priscille confectionner des colliers de tiaré pour les clients qui arrivent demain.

Des clients ? Oui…Tonina et son mari Miano nous ont amené à la maison pour nous montrer les deux chambres  d’hôtes qu’ils ont aménagées pour grappiller les fruits d’un développement touristique naissant. Evidemment, Miano continue son activité de sculpteur.



Quant à leur fille Priscille, elle s’est reconvertie en guide et a demandé un permis de construire trois bungalows  sur le terrain de sa propriété, pour accueillir davantage de touristes. Ainsi va l’économie circulaire familiale : Les parents accueillent des clients dans leurs chambres d’hôtes  ( promotion Facebook et bouche à oreilleles) , des clients qui vont sans doute acheter les sculptures du père et partir visiter l’île avec la fille !

Nelson, Marc et Priscille en excursion

Le jeune homme à qui était destiné le collier de fleur, vient de Tahiti.  À Taioahe ; il va participer a la formation de tatouage  traditionnel mis en place par Teiki. Teiki que nous avions quitté alors qu’il commençait à s’engager pour la réhabilitation de la culture marquisienne, c’est-à-dire du tatouage et de la langue « sans  laquelle on ne comprend rien aux symboles des tatouages marquisiens ».

Teiki dans son centre de formation au tatouage

 Eh bien, il n’a rien abandonné de son ambition, Teiki.  Non seulement il a mis en place cette formation très exigeante de tatoueurs ( qui court sur plusieurs années ), mais il est entré à l’académie marquisienne,  gardienne officielle  de la culture et de la langue.  Sous son impulsion, le tatouage marquisien est désormais inscrit  au patrimoine immatériel de l’UNESCO.  C’est une énorme satisfaction pour Teiki. « Les Tahitiens ne pourrons plus nous piquer nos symboles et prétendre que ce sont les leurs ».

Les invitations pleuvent au même rythme que les grains qui nous tombent sur la tête plusieurs fois par jours.  Ce soir, dîner chez Ricky et Stella :

Tonton Ricki, toujours très engagé comme pompier secouriste, n’a pas changé : la rudesse des guerriers marquisiens et la douceur propre aux habitants de Nuku Hiva.  En les regardant, lui et sa femme Stella,  je pense toujours à la façon dont Brel décrit les Marquisiens : « le rire est dans le cœur, le mot dans le regard…le cœur est voyageur, l’avenir est au hasard… ».

Priscille, Miano, Teiki, Antonina, Sylvie, Stella Marc et Ricky

Merci au hasard covid qui nous a rejeté sur les rivages de Nuku Huva, dans les bras toujours grands ouverts de la tribu Huukena, au milieu des répétitions de chants et de danses du prochain festival marquisien qui aura lieu , en juillet, à Fatu Hiva.

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