Chroniques mortuaires :
Si vous passez par Atuona, vous ne manquerez certainement pas de grimper sur la colline où se trouve le petit cimetière catholique. Outre la vue, ce sont surtout les tombes de Paul Gauguin et de jacques Brel qui attirent les visiteurs. Deux tombes qui ont chacune leur petite histoire :
Paul Gauguin : Belle vieille pierre tombale en tuf rose. Elle n’a pas bougé depuis la mort du peintre et l’esprit s’évapore alors que vous observez la baie des qui s’ouvre devant vous. Quelques images des tableaux de cet amoureux des femmes du Pacifique vous reviennent à l’esprit… Vous sentez sa présence… Seul problème… rien n’est moins sûr qu’il soit enterré là. Beaucoup de Marquisiens vous le diront : en fait personne ne sait où il est enterré vraiment et cette pierre tombale posée « post mortem » n’est peut-être pas à la bonne place… La magie en prend un coup… mais si ce n’est l’effet de l’âme, cela doit être celui de la pierre !
Jacques Brel : Là au moins les témoins sont encore vivants et la tombe est bien la sienne, avec sa pierre et sa stèle qui le représente en compagnie de Madly, sa dernière compagne. Tableau touchant mais pas du goût de sa famille belge qui débarqua il y a quelques années pour faire enlever la stèle et la remplacer par une plaque mentionnant le nom de sa femme et de ses enfants. Pas du goût de Madly qui obtint de la justice le retour de la stèle originale. Pour les Marquisiens qui n’avaient connu que Brel et sa compagne, qui s’étaient attachés à ce couple généreux avec eux, la vérité avait triomphé, la stèle était de retour… elle est toujours en place.
Chroniques stupéfiantes :
Fatu Hiva, baie des vierges : Au mouillage un petit voilier américain… Voiles enroulées, dinghy en place, drapeau au vent… il semble être là, de passage comme les autres (nombreux) voiliers présents. Seule la quantité d’herbes et d’algues qui semblent accrochées à sa ligne de flottaison montrent que quelque chose n’est pas normal. En fait le voilier est là depuis deux ans, personne n’a plus vu son propriétaire qui a quitté le bord peu après son arrivée de Panama. En fait l’homme aurait filé immédiatement sur Tahiti pour y livrer son paquet de cocaïne transporté depuis l’Amérique centrale. Mais là, (les versions divergent) il y aurait été arrêté par la police et croupirait en prison. D’autres affirment qu’il serait reparti avec un paquet de dollars pour les Etats-Unis. Reste que le voilier est toujours là, que dans leur honnêteté, les Marquisiens n’osent pas y toucher… bien que certains vous disent à mi-voix que cela ne va pas encore durer longtemps.
Ile de ?? : Village de ?? (noms connu de l’auteur) : Au centre du village l’un des deux petits magasins ne paie pas de mine. Malgré sa (relative) grande taille, le stock y est plus que restreint et plusieurs frigo sont vides.
Il y a pourtant quelques mois à peine, la boutique resplendissait, les marchandises y étaient abondantes et son propriétaire menait grand train. En plus du 4×4, il avait même un yacht. Qui faisait de beaux voyages dans le Pacifique : Marquises, Tahiti, île de Pâques, Chili, Equateur, Panama et retour… Mais le manège finit vite par intriguer les services douaniers de Tahiti qui l’automne dernier firent leur plus grosse prise de cocaïne et de crack de leur histoire. Le propriétaire et ses matelots méditent aujourd’hui sur les « bienfaits » de l’argent vite gagné. Un point quand même étonnant : Si l’affaire fit la une de toute la presse de Tahiti, jamais, ni l’identité, ni le nom de l’île où se trouvait le magasin ne furent mentionnés. Un respect de la présomption d’innocence dont quelques médias pourraient s’inspirer !
