Concurrence déloyale

Ils sont confrontés à une sacré concurrence, les pêcheurs de la mer de Cortez et pas seulement quand ils remontent leurs filets 

Face à eux, les pélicans Les milliers de pélicans  qui font du dumping salarial, en plus de leur concurrence déloyale. Parce qu’ils n’ont pas besoin de fuel, ni d’investir dans du matériel de pêche. À qui se plaindre ? Les pélicans ne sont même pas syndiqués. Dans leurs communautés, ils n’ont pas de leader. Ils sont tous égaux et responsables individuellement de leur survie. 

Ils ont l’air de rien, les pélicans. Quand ils sont à terre, on dirait des nabots sur pattes palmées avec une queue riquiqui et un corps trapu ( un mètre environ)  trop petit semble-t-il pour porter ces ailes trop grandes ( deux mètres d’envergure ). Et puis ce bec, aussi long que le corps, ce bec encombrant qu’ils doivent souvent le laisser traîner dans l’eau. Personne ne peut imaginer qu’ils puissent s’en servir comme d’une senne, quand ils n’utilisent pas une autre technique de pêche, 

Une autre technique de pêche qui ne laisse aucune chance à l’homme, dans son bateau.

Le pélican se transforme en exocet. Ça commence par une figure acrobatique et ça se termine par un piqué plongé plus ou moins élégant, mais d’une précision étonnante. 

 Un vol de repérage à une vingtaine de mètres de haut et hop, il incline le bec vers la mer, ajuste ses ailes en forme de V, cou tendu et  les replie pour plonger et harponner sa proie qu’il gobe pour l’expédier dans sa poche glandulaire de pélican. Poche à tout faire puisqu’elle qui sert à la fois de garde manger à sa progéniture et de sac à outils pour fabriquer un nid. 

Animal social ( comme l’humain) le pélican vit en bande et pêche en escadron. Dans les baies pas trop profondes où nous avons mouillé, on se serait cru sur la place des Nations à Genève quand les jets d’eau s’animent alternativement. Ça giclait de partout, tant ils étaient nombreux à écumer la mer. Il paraît qu’un pélican mange deux kilos de poissons par jour (et en pêche trois pour nourrir ses petits). Multipliez ça par une population de pélicans nettement supérieure à celle des pêcheurs, et vous comprendrez pourquoi, même organisés en coopératives, les hommes de la mer se font damer le pion par leurs concurrents. Sans compter que les pélicans n’ont pas le triomphe modeste. Je les ai vu danser  sur une épave de chalutier en faillite dont ils avaient pris possession, comme d’un trésor de guerre.

 

3 commentaires

  1. Ferla Répondre

    Magnifique chère Sylvie ! Encore rt encote de vos nouvelles. Vous embrasse. Patrick

  2. Neyroud Favre Françoise Répondre

    Quel plaisir d’admirer les photos de ce pélican plongeant pour attraper un poisson. Plaisir aussi de lire le texte.
    Bonne suite ! Françoise

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