Flosse, Temaru, indépendance …….. la politique en 3 mots

S’il est une chose qui s’immobilise aux Marquises (et dans toute la
Polynésie) c’est bien le jeu politique… En 1985, lors de mon premier
passage j’avais appris les deux noms qui faisaient la politique : Gaston
Flosse et Oscar Temaru. 29 ans après, ce sont toujours les mêmes.
D’un côté Gaston Flosse, l’ami de Jacques Chirac et du RPR, 84 ans
aujourd’hui, un nombre de casseroles impressionnantes, 3 procès en cours,
mais toujours au pouvoir (non-stop jusqu’en 2004, et aujourd’hui à nouveau
président de la Polynésie… Autonomiste, pas indépendantiste.
De l’autre Oscar Temaru, l’homme de gauche, la septantaine,
indépendantiste, ou en tout cas jouant avec le sentiment d’une partie de la
population. Il fut 5 fois président entre 2004 et 2013, mais se garda bien
d’organiser un référendum sur l’indépendance.

L’indépendance, le grande question politique en Polynésie… Beaucoup en
rêvent, comme une forme de reconnaissance, de fierté retrouvée, mais peu la
souhaitent vraiment. Il est vrai que la Polynésie connaît le plus haut
niveau de vie des îles du Pacifique Sud, Nouvelle Zélande exceptée. Il y a
quelques raisons historiques à cela. Notamment Mururoa et le CEP, le Centre
d’Expérimentation du Pacifique (essais nucléaires), qui de 1960 à 2009
déversa des milliards sur les îles. Si depuis la fin du CEP la Polynésie a
tenté de se reconvertir et de développer le tourisme et l’industrie de la
perle noire, les résultats sont mitigés. En fait, le Pays dépend toujours
grandement de la Métropole pour boucler son budget. La Polynésie n’est plus
un TOM (Territoire d’Outre-Mer) mais un POM (Pays d’Outre-Mer)

La Polynésie dispose donc d’un statut de large autonomie, avec son propre
budget d’investissement et son propre système de sécurité sociale. Et si
l’argent vient souvent de la France, il transite par le gouvernement du
Pays, créant une fonction publique hypertrophiée et un clientélisme
hallucinant.

La politique aux Marquises :
Si les îles ne sont pas indépendantistes, le parti de G. Flosse peine à
s’imposer aux élections locales. Ce sont les critères locaux qui dominent
dans le choix des maires. Mais le clientélisme fait rage… « les routes
sont politiques » comme on dit par ici, et à chaque échéance électorale la
bétonneuse surchauffe pour cimenter quelques kilomètres de routes
supplémentaires (vu l’état des pistes, ce n’est pas un luxe ).

Et quand on leur parle de l’indépendance, de la montée en puissance des
indépendantistes à Tahiti, les Marquisiens imaginent alors se séparer de
Tahiti pour rester liés directement à la Métropole.

C’est vrai qu’ici on ne paie pas d’impôt sur le revenu. Comment taxer ces
sculpteurs, ces éleveurs ou ces agriculteurs (souvent les trois à la
fois) ? Ce qui ne les empêche pas d’avoir les soins médicaux gratuits, une
rente de retraite et de rouler en 4×4. Quand on connaît le prix de ces
Pick-up, quand on sait qu’une maison coûte ici 2 fois le prix d’une à
Tahiti (dans les 2 cas il faut payer le transport par bateau)… on se
demande comment tout cela peut fonctionner. Seule retenue, la cotisation à
la sécurité sociale. Mais elle n’est prélevée que sur les salaires fixes ou
sur le chiffre d’affaire des quelques exploitations contrôlables. Même le
coprah est subventionné, le Pays l’achetant (via l’Huilerie de Tahiti) 140
frs CFP le kilo alors que sa valeur de marché atteint tout juste les 40 frs
CFP. (1,40CHF contre 0,40 CHF) Merci donc aux nombreux postes de
fonctionnaires et merci la France qui renfloue les comptes du Pays.

Bref comme le dit malicieusement un sculpteur, « les routes, on sait que ce
sont les Français qui nous les paient et on s’étonne qu’ils continuent
d’accepter de payer des impôts pour les Marquisiens ».
Alors, l’indépendance…

Ultime commentaire du voyageur de passage : Quand on voit les écoles,
l’hôpital, les aéroports, les postes, le téléphone portable, bref
l’infrastructure… on se dit que la France, aux Marquises, elle assure pas
mal !

(article écrit aux Marquises, mais perdu dans les limbes du satellite… Le
revoici donc envoyé depuis les Tuamotu… auxquelles l’essentiel du texte
s’applique aussi!)

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