« Guam: best island for business »

(Par Sylvie)

Guam, c’est super.

Chaque matin, on peut se réveille au son du clairon et  avoir le privilège de déguster l’hymne américain, assis, la main sur la tartine de confiture du petit déj. Dans l’anse où nous sommes mouillés, la base navale dans notre dos, l’acoustique est excellente.

Avec cette mise en train matinale, nous sommes au top pour aller affronter une journée d’american way of life.

Car l’île de Guam (contrairement aux îles Marianne du nord) est  l’un des cinq « unincorporated  organized territory » des Etats-Unis. Pour faire plus court : ici nous sommes chez les Yankees.

Donc, pas question de se passer d’une voiture pour accéder à la capitale Hagatna, via l’un des deux highways à 6 voies qui traverse la ville. Ou plutôt l’infinie zone commerciale et industrielle qui fait office de ville et de corniche.

Guam,  180 mille habitants, c’est géant. A Tamuning, quartier qui jouxte Hagatna, il y a plein d’hôtels monumentaux, alignés en bordure de la route qui empêchent de voir la mer. De toute façon ce qui intéresse avant tout les hordes de touristes japonais, coréens, philippins qui viennent passer leurs vacances ici, c’est le shopping.

Il n’y a qu’à traverser l’avenue pour consommer du Gucci, Zara, Cartier (et autres grandes marques européennes) ou flâner dans le « pleasure center ». Pour plus de fun, il suffit de prendre place dans les « shoppings shuttle » qui déversent de malls en malls, des escouades de poupées japonaises de porcelaine avec leurs chevaliers servants. Ou alors des couples avec un enfant dans sa poussette. Ou encore des jeunes asiatiques qui montent et descendent les escaliers roulants, en sirotant leur soft drink.

« Guam, best island for business », dit le slogan.  Pour vous dire comme c’est géant : Nous parcourons en vain le Micronesia mall, à la recherche d’un magasin de sport . Nous demandons finalement à une commerçante si elle sait où nous pourrions en trouver un. « Je vais vous montrer, dit-elle. Vous avez une carte ?», Et comme nous lui tendons la carte de l’île, qui fait un zoom sur Hagatna et Tamuning, elle nous regarde avec pitié. « Mais non, c’est une carte du mall qu’il faut. Notre mall, c’est une île en soi ! ».

Une île qui vit du tourisme et de l’activité militaire. Même si on ne voit aucun uniforme dans les rues. Car la base militaire américaine est aussi une île dans l’île de Guam.  Hors de son ghetto l’armée ne signale sa présence à terre que sous la forme d’un mémorial ou de cimetières de vétérans.

Évidemment le choc a été violent pour nous en arrivant à Guam, si loin des paisibles atolls et des cocoteraies sauvages. Pour tenter une transition plus douce, nous sommes allées nous balader au sud de l’île, parsemé de villages et de lotissements de villa en béton de la base aux toits (cyclones obligent).  On se croirait dans n’importe quel suburb, mais au moins, là-bas, on peut voir encore un peu de nature.

Des sous-bois, des cascades qui tombent de la montagne, faire un  trek  sur le sommet le plus haut du monde : 11.000 mètres qui n’en laisse dépasser que 300 mètres au-dessus du niveau de la mer. On peut embrasser du regard la  baie parsemée de récifs coralliens et « Cocos island », qui ferme un bout de lagon inachevé. On peut même tomber nez à nez avec les ruines d’un pont ou d’une forteresse espagnole.

Car Guam fut découverte en 1521 par Magellan, au service de Charles 1er d’Espagne. Les aborigènes Chamorros y étaient installés depuis des lustres, organisés en une société matriarcale, dont il ne reste plus guère de trace. Même si la langue Chamorro a été réintroduite à l’école enfantine et figue  pour la forme comme langue officielle.  Avec l’anglais, bien sûr qui est passablement plus officiel, puisqu’on n’entend parler que ça, y compris dans les quartiers et les villages qui ont gardé leurs noms d’origine.

A trois heures d’avion du Japon (et à 9 jours de navigation à la voile), Guam est un drôle de melting pot.

Un savoureux cocktail ethnique, composé d’un bon tiers de Chamorro,  auquel il faut ajouter une dose de Philippins, deux doigts d’un mélange sino-coréano-nippon, une tombée de Micronésiens et un zeste d’hispanité. Dommage qu’on le serve noyé dans la potion magique de l’oncle Sam. Ça gâche un peu le goût.

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