Comment ne pas commettre d’impair dans la passe ?
Comment sortir de l’atoll de Raroia au bon moment pour filer vers l’atoll de Makemo ?
Si l’on tient juste compte de la distance à parcourir, il faudrait sortir au crépuscule. Mais la passe est à l’ouest et notre mouillage à l’Est. Il faut donc traverser l’atoll en plein après-midi, le soleil en plein dans les yeux… Comment alors apercevoir les patates de corail qui affleurent ?

C’est toute la clef de la navigation dans les Tuamotus.
Car l’entrée dans les lagons est commandée par la passe : une brèche dans la couronne corallienne par laquelle l’atoll se vide. Eh oui, les atolls n’arrêtent pas de se remplir. Essentiellement par la mer qui se brise sur leur côte au vent qui n’est souvent qu’un simple platier corallien affleurant. Et plus l’alizé souffle, plus la houle augmente et plus l’atoll se remplit. Reste alors la ou les passes par lequel il se vide. Et là bonjour le courant….
A cela s’ajoute encore la marée, faible (30 à 60 cm) mais qui accélère ou ralentit le courant régnant dans la passe.S’il n’y avait pas ce fameux remplissage par la houle, les courants de marée descendante et montante s’inverseraient toutes les 6 heures. Mais en réalité à marée descendante courant de marée et courant de vidange s’additionnent alors qu’à marée montante le courant entrant est ralentit par celui de vidange. Tout l’art consiste donc à franchir la passe au moment de la renverse de courant. Mais celle-ci n’est pas facile à déterminer.
Mieux vaut donc prévoir un peu de marge (en avance) sur les heures de marée indiquées par les documents officiels.
De nos observations, par vent de 15 à 20 nœuds (alizé modéré) l’étale se situe environ 1h à 1h30 après la basse mer, et environ 1h avant la pleine mer (Mais c’est très empirique !)
Reste que parfois il faut tricher un peu… comme l’autre jour en quittant Raroia… Il fallait franchir la passe avant le coucher du soleil… soit en plein courant sortant… Et là où il rencontre la houle de l’océan… c’est alors une vraie machine à laver ! Impressionnant…

Une fois dans le lagon, tout devient calme et la navigation est facile…. pour autant qu’il fasse beau et que le soleil soit haut. Sinon, gare aux pâtés de coraux !
Mais là encore, comme c’est un peu tout ou rien (50 cm ou 20m de profondeur) même par visibilité moyenne, il est possible de traverser les lagons pour aller chercher un mouillage protégé. Car, hélas, les villages sont souvent sur les côtes ouest et donc bien exposé à l’alizé. Pour les barques locales, amarrées derrière de petites digues ce n’est pas un problème, mais pour un voilier… lorsque l’alizé souffle à 20 nœuds c’est au inconfortable voire même dangereux. Reste alors à traverser le lagon, à chercher refuge derrière les motus de la côte Est… et comme c’est paradisiaque… si la solitude ne vous pèse pas… où est le problème !