Kon Tiki : grandiose erreur historique !

« En mémoire du « pionnier » parmi les pionniers qui a consacré sa vie entière à repousser les limites extrêmes des connaissances humaines par delà l’Océan sans frontière »

Peut-être êtes-vous de ceux qui ont vibré il y a fort longtemps en lisant le formidable récit de « L’expédition du Kon Tiki » ? Peut-être avez-vous aussi tremblé en parcourant les pages décrivant le radeau de balsa s’imbibant peu à peu d’eau de mer, s’enfonçant lentement mais sûrement dans les eaux bleues du Pacifique et menaçant d’engloutir Thor Heyerdahl et ses cinq équipiers ?

A l’époque, frappé par la ressemblance des statues de l’île de Pâques avec les tikis des Marquises, l’explorateur et ethnologue norvégien s’était imaginé que le peuplement de la Polynésie et des îles du Pacifiques s’était fait d’Est en Ouest. Une progression apparemment logique, en suivant les vents et les courants. Ceux-là mêmes que nous suivons encore aujourd’hui avec nos voiliers. Et pour le démontrer, en 1947 Thor Heyerdahl était parti des côtes du Pérou sur un radeau pour s’échouer des semaines plus tard, le 7 août sur l’atoll de Raroia.

Le retentissement médiatique fut tel que dans le grand public l’idée d’une origine « amérindienne » des Polynésiens est restée vivace. Mais dans la communauté scientifique la contestation fut immédiate et depuis les preuves scientifiques ont été apportées, montrant que, tout au contraire, le peuplement de l’Océanie s’est fait d’Ouest en Est, depuis l’Asie, via la Mélanésie puis la Polynésie, ensuite l’île de Pâques, l’archipel hawaïen et enfin la Nouvelle Zélande. Une réalité qui ne fait qu’ajouter au mystère de cette colonisation et à l’admiration qu’on peut avoir pour ces marins qui sur leurs pirogues furent capables de remonter l’alizé, contre vents et courants.

Si l’erreur d’Heyerdahl fut historique, reste que l’expédition fut un sacré exploit. Ne serait-ce que l’arrivée sur la barrière de corail de Raroia, là où la grande houle du Pacifique se brise en d’immense rouleau.

Aujourd’hui on ne lit plus « L’expédition du Kon Tiki » et l’histoire est oubliée…

Sauf des habitants de Raroia qui savent qu’un petit monument offert par le musée du Kon Tiki d’Oslo existe à l’autre bout du lagon, sur le minuscule motu où Heyerdahl s’échoua.

Mais noyé dans la petite jungle de l’îlot, il faut savoir qu’il existe pour le trouver.

Pour ceux qui souhaiteraient y faire un pèlerinage : 16°03,87S / 142°21,54W.