La triste histoire des narvals de Cambridge

Pourquoi tant d’agitation?

La communauté  de Cambridge sait  visiblement faire fonctionner à merveille le téléphone arabe. Après dîner, sur le coup de neuf heures nous avons soudain avisé un grand rassemblement sur la berge. Tost les habitants était rassemblés au bord de l’eau  des bateaux qui tournaient dans la baie, on entendait de temps à autre des clameurs, on voyait des flashs crépiter dans le crépuscule…  Pour quel évévement exceptionnel ?

 Nous l’apprendrons un brin  trop tard  pour jouir pleinement de la scène: un ban de narvals est entré dans la baie, juste là où  nous avons jeté l’ancre… « Ils étaient tout  près de votre bateau, nous a affirmé un badaud en barque, vous vous rendez compte,  ça n’était  plus arrivé depuis 30 ans.

Si nous étions à Gjoa Haven ou à Resolute, les gens se  seraient mis en chasse avec leurs harpons. Mais ici le  harpon a été aboli. Nous ne chassons plus que le caribou »… à skidoo.  Quand je vous disais qu’en quelques centaines de miles, on a changé de monde ! Enfin pas tout à fait. Ce matin nous avons trouvé sur la plage des habitants de Cambridge, exultant devant le corps sanguinolent d’un narval femelle qu’ils étaient en train de dépecer avec dextérité. « Mon mari est Inuit, il a toujours rêvé de tuer une baleine. Et aujourd’hui, c’est fait. Il l’a tué au fusil puis au harpon, explique une femme blonde. C’est un grand jour. La viande de narval est délicieuse et tellement chère à acheter dans les magasins. »

Toute la matinée, la chasse s’est poursuivie, des barques à moteur rabattant les bans de cétacés au fond de la baie, dans des eaux peu profondes, le harpon à la main, attaché à une bouée pour repérer et suivre la bête blessée jusqu’à ce qu’elle se fatigue et meurt.

En tout  sept narvals ont été liquidés en moins de douze heures. Parmi les victimes, une mère et son petit qu’elle tentait de protéger. A midi  pile la sirène du « lunch time » a retenti. Mais les chasseurs étaient encore trop affairés à guetter d’autres proies pour rentrer au port.

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