Pierre Fehlmann et l’Atlantic Conveyor

C’est une hélice, posée au pied du phare du Cap Pembroke, à 10 km à l’est de Stanley, un monument qui rappelle la triste fin de l’Atlantic Conveyor, un porte-conteneur réquisitionné par l’Amirauté britannique durant la guerre des Malouines.

Le 25 mai 1982, alors qu’il se trouvait à 90 milles nautiques au nord-est des malouines, l’Atlantic Conveyor était touché par 2 missiles Exocet tiré par deux Super Etendards de l’aviation argentine. En quelques heures, le navire coulait au fond de l’Atlantique Sud avec toute sa cargaison destinée à soutenir l’offensive anglaise. Le capitaine et huit marins y perdirent la vie.

Un fait de guerre de plus diront certains… sauf peut-être Pierre Fehlmann, qui doit la vie à l’Atlantique Conveyor.

Pierre Fehlmann sur Gauloise

Car bien avant de devenir, en cinq participations, l’un des skippers mythiques de la Whitbread, la fameuse course autour du monde (Disque d’Or – Disque d’Or III – UBS Switzerland – Merit – Merit Cup), Pierre Fehlmann s’était lancé dans la Transat en solitaire de 1976, la fameuse Transat anglaise, à bord d’un voilier en bois moulé, inspiré des fameux Toucan du Léman. Mais la mer n’en voudra pas et, en pleine tempête, une énorme vague brise son bateau qui prend l’eau.

Même si l’on n’est pas encore à l’époque des balises satellites, Pierre a pu lancer par radio un « Mayday » reçu par l’Atlantic Conveyor qui se détourne pour lui porter secours.

Comme il le racontera plus tard, Pierre voit la masse énorme du cargo se rapprocher à toucher le voilier qui s’enfonce. Sur le flanc du navire l’équipage a déployé un filet à grosse maille. Pierre sait alors qu’il n’a droit qu’à un seul essai ! Son passeport dans un petit sac en bandoulière il bondit et s’accroche au filet. Sa Transat s’arrête là !

Dans la lumière de l’aube, au Cap Penbroke, pour moi qui ai eu la chance et le privilège d’être l’un de ses équipiers sur Merit, lors de la Whitbread 1989-90, comment ne pas avoir une pensée pour les marins disparus bien sûr, mais aussi pour ce . et pour Pierre qui, s’il a mis le pied à terre, restera un tout grand marin.

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