Retrouvailles au fil des courants

Nous revoilà ancrés à False Creek, au pied des tours de verre de Vancouver. False Creek c’est comme une rue sur l’eau. Une rue bordée d’arbres et de maisons, avec son trafic, ses Seabus qui traversent d’une rive à l’autre, ses dragon boats où l’on rame en cadence, ses canoës, ses paddels, ses yachts et ses voiliers. Et en guise de vitrine, le marché et les bistrots très branchés de Granville.

Ici, apparemment rien n’a changé depuis notre dernier passage. Nous remarquons tout de même que les immeubles continuent de pousser, dans des styles architecturaux parfois étonnants.

Et aussi qu’à Vancouver, nous les Suisses, nous sommes bien peu de choses.

C’est toujours dépaysant de se retrouver dans une grande ville moderne, après une navigation dans des lieux plus reculés. Comme ceux que nous avons traversés avec Nicole, Nino et Carlo, dans « l’Inside Passage » de la Colombie Britannique.

Le voyage a commencé par une visite aux Indiens Kwakwaka’waka d’Alert Bay. Nous avons pu constater avec plaisir qu’il n’y avait plus trace du sordide bâtiment où, jusque dans les années 80, les enfants indiens -arrachés à leurs parents- avaient été internés. à des fins « d’éducation ». Les Totems de la sorcière à la grande bouche, le centre culturel des masques et la forêt dite écologique ( parce que morte inondée par une erreur humaine) : un programme parfait, en attendant le retour du soleil qui s’est beaucoup fait désirer.

Dans ces entrelacs de chenaux aux noms évocateurs (Desolation Sound, Dent Rapid, Surge Narrow etc..) ce n’est plus le vent qui dicte le tempo de la navigation, mais les marées et les courants, parfois contradictoires et si importants qu’ils entraînent Chamade dans une java effrénée. Même lorsqu’on s’agrippe à la barre.

Et qui dit courants qui se rencontrent et s’inversent, dit baleines qui montre leurs queue orques à l aileron géants et hordes de dauphins bondissants Même sous la grisaille le spectacle reste encore et toujours magique.

Ainsi Chamade s’est laissé glisser vers le sud, dans le dédale des îles couvertes de forêts et de lacs bienvenus pour une baignade revigorante.

Mais aucune trace de l’ours. Pas même dans les hauts buissons à baies de Mamalilicula, sanctuaire indien où les touristes semblent avoir pris pied. Puisqu’un ponton flambant neuf a remplacé les piliers de bois qui surnageaient, lors de notre dernière visite, en 2013.

L’empreinte fraîche du seigneur des forêts, nous l’avons vue sur le sable de la plage de Port Neville, exactement là où il y a six ans il avait laissé sa trace dans le sable, tout près de Chamade. Donc, l’ours est toujours là, Il continue à faire sa promenade très matinale sans se préoccuper de savoir que son territoire a changé de propriétaire. Du moment que le lieu est resté intact et presque désert, qu’est-ce qu’il en a à faire ?

Le problème c’est que les lieux presque déserts deviennent plus rares. Au fur et à mesure que nous nous approchions du sud de l’île de Vancouver, nous avons dû faire notre deuil des mouillages solitaires. Dans cette zone très fréquentée l’été, il semble que désormais, la saison se prolonge pour les voileux ( nombreux en Colombie Britannique), les kayakistes et les pêcheurs à la ligne de plus en plus nombreux sillonnent les innombrables parcs protégés de la région.

J’ai tout de même pu retrouver avec bonheur, les trilles du martin pêcheur d’Amérique (belted kingfisher) qui ne se laisse pas photographier, le paradis -pas encore perdu- de l’île de Jeddediah avec ses moutons sauvages

et, entre les cèdres et les pruches, mon arbre préféré : l’arbutus ! J’adore son look méditerranéen, son bronzage et sa peau qui pèle.

L’immersion dans la civilisation s’est donc faite en douceur jusqu’au mouillage, dans les lumières de la ville.

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