Très British Colombia

Et hop ! Un saut par dessus une frontière virtuelle, un coup de fil aux douanes et nous voici arrivés au Canada.

C’est avec un certain soulagement que nous avons quitté Ketchikan, son ballet incessant d’hydravions vrombissants et son mur géant de cruise ships au contenu touristique caricatural.

Trop c’est trop. Ce n’est pas une ville, c’est un business, sans charmes ni vertus.

A quelque 100 kilomètres du port alaskien, s’épanouit le port canadien de Prince Rupert qui veut aussi sa part du gâteau.  Tout le front de mer a été refait depuis notre passage il y a six ans. Une marina  toute neuve a supplanté le yacht club qui vieilli très mal, juste à côté. On a construit un joli bâtiment pour abriter le magasin de souvenirs et le centre d’information touristiques qui vend davantage l’Alaska que la Colombie Britannique ! Et puis plus loin The terminal, construit tout exprès pour accueillir une petite partie des cruise ships qui font route vers Ketchikan.  Mais dans un style bien canadien.

Finis les hangars crasseux, les baraques bringuebalantes aux alentours peu soignés et les grosses bagnoles pourries qu’on trouve dans les villes d’Alaska. La Colombie britannique cultive son côté british, plus cossu et propre en ordre. Plus civilisé dirais-je même. Et en ce qui concerne le futur de la civilisation, Prince Rupert a l’ambition de rafler la mise du commerce maritime vers l’Asie : un terminal commercial pour les containers relié au train est juste terminé, alors qu’un projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel est sur les rails. L’objectif : l’exportation vers l’Asie du gaz naturel du nord canadien.

Cette différence de style est aussi  perceptible dans le village « native » de Skidegate, sur l’île de Haida Gwaii ( îles de la Reine Charlotte). Presque contigu à Charlotte City, la bourgade des Indiens Haida affiche, en même temps que ses totems, des habitations très soignées, quelles soient ou non modestes.

Nous avons pris le ferry pour traverser le bras de mer qui sépare le terminal de Skidegate de l’île de Moresby. Nous y avions laissé Chamade, dans le port de Sandspit, la bourgade où notre ami Flavien a élu domicile et gère son B&B « Bayview ». À la tête d’une association de volontaires sans but lucratif, Flavien conçoit et réalise des projets de développement pour la communauté, en dehors de toute structure politique ou administrative. Car Sandspit n’a pas souhaité se constituer en commune intégrée au district, juste pour éviter taxes et règlements.

Si Sandspit n’a apparemment pas beaucoup changé, les « lodges »  sont remises au goût du jour pour satisfaire une demande touristique qui va croissant . La réserve naturelle de Gwaii Haanas tend les bras aux habitants de Vancouver et de Victoria qui arrivent par bateau ou par l’aéroport de Sandspit.

Face à la dépression qui s’annonçait, nous avons  dû faire l’impasse sur Gwaii Haanas où nous aurions bien voulu revoir Suzane à Rose Harbour (voir blog 2013). Nous avons donc tiré notre révérence à la Reine Charlotte, pour rejoindre d’une traite et à la voile (rare !) le nord de l’île de Vancouver. Où nous avons goûté plus que jamais un mouillage solitaire entre plage de coquillages blancs bordées de cèdres…

Avec pour seule compagnie, des plongeons élégants, en plastron.

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