Tourisme à la tronçonneuse

(Par Sylvie)

Adieu Kodiak, adieu les îles chauves et les comptoirs à poissons. Nous voici sur  le « main land », c’est à dire la péninsule alsakienne, dans le port de Seldovia.

Autant vous dire que nous avons retrouvé la « civilisation » made in US, dans ce lieu de villégiature bobo baba, accessible uniquement par bateau ou petit avion. Les habitants d’Anchorage ou de Homer viennent y passer le week-end dans leurs résidences secondaires ou dans une des nombreuses lodges. Pour pêcher, « kayaker » ou se balader le long des trails aménagés pour les touristes au milieu de vraies belles forêts aux couleurs déjà automnales.

Seldovia, Zaliv Seldevoy (la baie des harengs) du temps de la colonisation russe a gardé quelques restes d’un passé pas si lointain (début du XXème siècle) où l’industrie du poisson et du bois faisaient la richesse des habitants. Comme leurs maisons construites sur pilotis, le long de la mer, n’étaient accessibles qu’à marée basse, des passerelles en bois furent construites pour permettre des relations de voisinage non stop et renforcer l’attractivité commerciale du port qui a l’avantage de rester libre de glaces en hiver.

Puis le hareng a disparu, victime des déchets salés déversés dans son habitat naturel par les « canneries ». Et en 1964  l’éruption d’un volcan voisin a donné le coup de grâce à la sucess story de Seldovia. D’un seul coup d’un seul, tout le littoral de la baie s’est enfoncé de plus d’un mètre dans la mer. Patatras, tout est tombé à l’eau – c’est le cas de le dire. Les passerelles de bois, les pilotis et les maisons qui ont été reconstruites un peu plus à l’intérieur des terres. Il ne subsiste aujourd’hui qu’un carré de vieille maisons en bois, pleines de charme et d’attrait touristique.

Mais ça ne suffit pas. Il faut de « l’entertaiment » pour ferrer le touriste qui débarque en ferry de Homer. En arrivant à Seldovia le week-end du Labour day (4 septembre), nous avons eu droit à un festival artistique très arrosé de pluie : un concours de sculptures réalisées sur place, à la tronçonneuse, dans une débauche de vrombissements. Beaucoup  d’huile de coude et d’énergie électrique dépensée pour un résultat, ma foi, surprenant, qui ferait presque oublier l’inextinguible inspiration Walt Disney.

Cette année, c’est la pieuvre qui a agrippé le premier prix. Et comme toutes les oeuvres gagnantes sont exposées années après année dans la rue – oui, il n’y en a qu’une asphaltée -, Seldovia est remplie de monstres marins, terriens et humains qui ornent tous les pas de porte mais n’ont pas l’air d’effrayer les ours qui rôdent, parait-il, aux abords  de la bourgade.

Et comme le mauvais temps, inextinguible lui aussi, nous cloué au port pendant quatre jours, nous avons pu aussi assister à l’école, à un concert de guitare country et banjo qui a mis un peu de soleil dans les cœurs. Mais seulement dans les cœurs, car dans le ciel, malgré quelques velléités très passagères, on a encore rien vu venir derrière l’arc en ciel, si ce n’est la pluie

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