Voilà bien un village Tlingit qui ne se plaindra pas du réchauffement climatique !
Car les Tlingit de Hoonah sont des réfugiés climatiques du 18ème siècle !
Eh oui, alors qu’ils peuplaient depuis des siècles les rivages de ce qui est aujourd’hui Glacier Bay, les Tlingit durent fuir leurs terres, victimes de la poussée des glaciers durant le dernier « petit âge glaciaire ».
Ils traversèrent l’Icy Strait pour finalement venir s’établir en 1754 dans une baie qu’ils nommèrent « Hoonah » (littéralement « protégé des vents du nord »).
Pas un paradis pourtant puisque des décennies durant ils continuèrent de souffrir du froid et de la famine dans ce coin de pays sous l’influence des grands glaciers devenus trop proches. Une vie de résistance, de lutte et de débrouillardises.
Autant dire que les douceurs nouvelles du réchauffement climatique auraient pu plonger les habitants d’Hoonah dans une douce léthargie.
C’est un peu l’impression que le village nous avait donné en 2012. Entre les restes de la conserverie abandonnée et les vieilles balafres du logging (coupes industrielles de bois) on ne pouvait pas dire que la joie et la bonne humeur y transpiraient.
Mais il était dit que la communauté Tlingit d’Hoonah a de la ressource et du dynamisme. Alors que, réchauffement climatique oblige, le tourisme se développe en Alaska, que les bateaux de croisière se multiplient, passant et repassant sans cesse devant Hoonah, le village n’a pas hésité à investir :
Et hop, un nouveau terminal pour « cruise ship » a été inauguré en 2016, et hop, l’ancienne conserverie a été entièrement restaurée et transformée en centre culturel et artisanal pour les milliers de « croisiéristes » en manque de divertissements.
En y débarquant 6 ans après notre premier passage, on a peine à reconnaître le village. Décorations, totems, nouvelle école et nouvelle route entre le terminal et le village… tout est flambant neuf !
S’il est sans doute encore trop tôt pour affirmer que le pari est gagné, l’impression de dynamisme est marquante… Un sentiment bien rare dans cet Alaska du sud-est, trop souvent noyé dans les brumes nostalgiques des années folles des pionniers.
