Mercredi 7 septembre, 22h25, Chamade quitte la mer de Beaufort et pénètre dans la mer de Chukchi.. Au loin dans la nuit qui tombe les lumières de Barrow, la ville la plus nord du continent américain. Une ligne sombre surmontée d’une rangée de lumières oranges, c’est tout ce que nous verrons de Barrow. Les quelques milliers d’habitants, la plupart Inuits, nous ne les rencontrerons pas puisque nous ne nous y arrêtons pas. D’une part le mouillage dans la lagune d’Elson est loin de terre et mal protégé et d’autre part Barrow n’est pas un port d’entrée aux Etats-Unis. Mettre le pied à terre signifie faire venir l’officier d’immigration par avion depuis Fairbanks (frais d’avion et d’hôtel à payer) ce qui nécessite au moins 4 jours d’escale. Nous faisons donc route directe. Idéalement cela devrait être vers Nome, mais une fois de plus la météo joue les empêcheuses de voiler en rond. Une dépression s’annonce pour vendredi soir avec son cortège de vents forts et contraires. Une autre est prévue dimanche, avec le même cortège : 40-45 nœuds de secteur sud ! qui font suite à 4 jours avec 40 à 45 nœuds de secteur nord. Difficile de faire route dans ces conditions. Nous avons repéré la baie Peard, 60 milles au sud-ouest de Barrow. Une lagune peu profonde, mais dans laquelle nous espérons pouvoir nous abriter le temps de laisser passer Mesdames Low.
Deux mots encore sur l’étape entre Herschel et Barrow. Du moteur tout d’abord en quittant Herschel, juste à la fin de l’épisode de vents d’ouest défavorables, puis du vent de travers à 10 nœuds pendant 24 heures et enfin du près dans un vent de 12 à 15 nœuds. Vent qui est tombé ce soir laissant une fois de plus au moteur le soin de nous pousser vers le Pacifique bien proche désormais. Mais reste encore à franchir le détroit de Béring. Une étape de 500 milles pour laquelle nous consultons nos oracles quotidiennement. A ce stade, une fenêtre favorable pourrait s’ouvrir lundi ou mardi. Mais chuut ! Il ne faut pas s’attirer les foudres d’Eole en faisant preuve d’impatience!
