Décidemment, sur Chamade, on a toujours de la chance dans nos (petits) malheurs.
Alors qu’on se réjouissait d’aller se promener en dinghy dans le lagon, le moteur hors-bord refusait de démarrer. Je testais l’allumage (test de l’étincelle), je testais l’arrivée d’essence au carburateur, tout était ok. Je décidais donc d’attendre Hao, où l’on serait à quai, pour pousser plus loin dans le démontage du moteur. Le faire au-dessus de l’eau est toujours un pari risqué !

A peine arrivé, je demandais quand même à tout hasard à deux jeunes venus voir le bateau, s’il y avait quelqu’un qui s’y connaissait en moteur hors-bord. « Ben oui, notre grand-père… il habite juste là en face » Sitôt dit, sitôt fait, ils emmenaient le moteur chez le mécano.
Le lendemain je faisais la connaissance d’Hikitahi, affairé sur notre petit 5CV, le ventre déjà grand ouvert. Malgré l’aspect, disons « très informel » du hangar, j’étais tout de suite impressionné par la méticulosité avec laquelle Hikitahi rangeait les pièces qu’il démontait.

« Moi c’est Hikitahi, je suis à la retraite depuis 8 ans, mais je continue de réparer les moteurs pour les gens de l’atoll » A la retraite après 40 ans de carrière comme mécanicien à bord des navires de la marine française où il avait fait sa formation, puis des années sur les cargos inter-iles ». Ce n’est donc pas notre Suzuki 5cv qui allait l’impressionner !

« C’est ça la panne, me disait-il, en me montrant la tête de culasse et les culbuteurs au grand air. C’est une soupape qui est bloquée ! Mais il me manque une clé pour démonter la culasse. J’en trouverai une au village. On verra ça demain »
Le lendemain, Hikitahi avait en main les 2 soupapes… Pas besoin d’être grand spécialiste pour voir le problème ! La calamine, résidu de combustion bloquait bien le système.

« Demain j’irai chercher de la pâte pour nettoyer et roder cette soupape, et je trouverai bien aussi de la pâte à joint pour la tête de culasse » Décidemment, à Hao il est possible de trouver presque tout !
Et comme vous pouvez l’imaginer, le surlendemain, le petit-fils d’Ikitahi nous rapportait le moteur, qui démarrait au quart de tour !
Chapeau l’artiste !