La disparition mystérieuse de Bill Colby

La journée avait pourtant bien commencé. Le temps était beau et la pêche était bonne dans ce coin du « Principe Channel », totalement sauvage et fort peu parcouru.

Mais le vent s’était soudainement levé, devenant très vite violent. Un de ces terribles coups de sud-est associés aux dépressions qui déboulent du golfe d’Alaska. Le moment était venu de chercher rapidement un abri. Juste le temps de larguer encore ce dernier casier… hélas le bateau pris par une rafale s’était mis à tourner sur lui-même, et l’orin avait filé dans l’hélice, stoppant net le moteur. Le petit trawler de Bill Colby avait commencé à dériver vers les rochers du rivage.

Le choc n’avait pas paru trop violent, rien n’était encore compromis. Bill n’avait pas hésité à plonger, le couteau entre les dents pour libérer l’hélice. Une affaire de quelques minutes, mais c’était déjà quelques instants de trop. En tossant sur les rocher, le trou s’était agrandi et l’eau rentrait maintenant en bouillonnant. Bill qui était jeune… confiant dans sa force tranquille… (un peu nash peut-être) n’avait pas paniqué. Montant le niveau du son du rock qui sortait de son vieux cassetophone, il s’était immédiatement enfoncé dans la petite baie qui s’ouvrait à quelques encablures. C’était marée haute et Bill avait alors choisi de pousser son vieux rafiot sur la plage. De quoi voir venir et réparer le trou dans la coque. Hélas il y avait un dernier rocher, caché dans le kelp qui envahissait la baie. Le trawler s’y empala.

Cette baie serait sa dernière demeure.

A marée basse le spectacle était lugubre. Le rivage n’offrait aucun refuge, les rochers couverts d’algues plongeaient directement dans la mer et la forêt était inextricable. Bill était désormais à la merci des loups et des ours. La musique sortait encore faiblement de la cabine (seule partie restée intacte de ce qui était désormais une épave) lorsque Bill s’enfonça dans la forêt…

Ce n’est que 50 ans plus tard qu’un groupe de courageux explorateurs suisses retrouvèrent les restes du Colby’s boat… et décidèrent de donner son nom à cet inlet perdu dans la forêt par 53°31,8 N et 130°10,6 W.



N.B : Quand on est bloqué au milieu de nulle part dans l’austérité magnifique de Colby Bay, les restes d’un bateau échoué sur la rive stimulent l’imagination !

1 Commentaire

  1. Françoise Répondre

    Ouh là là, votre histoire de Bill Colby nous tire les larmes. C’est toujours aussi passionnant de suivre vos aventures et de lire vos textes si bien rédigés. Les photos sont également magnifiques.
    Bonne suite. Fançoise

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