Terres indiennes

Bella Bella (52°09,7N / 128°08W)

Après les Inuits,  nous aurons découvert les Indiens. Pas  les Apaches, les  Cheyennes ou les Iroquois de nos westerns préférés, mais ceux qui ont peuplé tout le nord-ouest du Pacifique : les  Tlingits, les Haidas, les Tsimshians, les Kwakiutls, les Bella Coolas, les Kootenays les Nootkas, les Slaves, les Bives, les Salishs des côtes ou de l’intérieur des terres et j’en passe.  Il ne reste plus grand-chose de ces tribus (décimées par la colonisation et les maladies apportées par les Blancs),  hormis quelques Totems et les associations de « natives » qui regroupent les derniers descendants de ces tribus.  Leur histoire est désormais consignée dans des musées et des livres.

On connait mal les origines des premiers habitants des terres qui s’étendent de l’Orégon à l’Alsaka, en passant par la Colombie Britannique(Canada). On suppose qu’ils ont migré (comme les Inuits qui sont restés plus au nord, jusque dans les Aléoutiennes),  d’Asie, à travers la Sibérie,  il y a quelque 15 mille ans. Une migration qui s’est faite par vagues successives, à travers l’isthme de terre qui reliait l’Asie à l’Amérique, avant que les eaux ne creusent le détroit de Béring.  Ces peuples indiens  parlaient  plusieurs langues et des dialectes différents et ont développé chacun sa propre culture.

Un point commun : leur  fusion mystique  avec la nature. Jamais,  pensaient-ils, il ne fallait tuer d’autres créatures, sans nécessité de se nourrir ou de se défendre. Sous peine de mettre les Dieux en colère.  Comme le raconte  la légende du Totem de Tanu, représentant  le  Chef qui pleure.

Le chef « Qui rit toujours » (Always laughs) était un sage qui un jour alla chasser avec ses fils et ses petits- fils.  Le camp installé, il demanda  aux plus jeunes de  veiller sur le précieux  feu. Mais lorsqu’il revint  au campement, le feu était éteint. Ses petits-fils lui expliquèrent qu’ils avaient trouvé  des grenouilles et les avaient jetées dans le feu, trouvant très amusant de les voir gonfler et exploser dans les flammes. Mais la dernière grenouille, plus grosse que les autres, avait  éteint le feu en brûlant.  Pressentant un funeste présage, le chef  » Qui rit toujours »  ordonna  de lever le camp  de regagner immédiatement les canoës. Mais la troupe n’étaient pas arrivée  à la rivière que la terre se mit à trembler. Et tout le monde fut englouti. Seul survécu « Qui rit toujours » devenu depuis ce jour « le Chef qui pleure » ses fils.

Joli non ? Cela dit, il était aussi dans la nature des choses  que les Indiens s’étripent parfois entre eux et se mettent mutuellement en esclavage, sans craindre la colère des Dieux.

Les tribus du littoral étaient généralement sédentaires et vivaient par clans dans de vastes maisons en bois, joliment décorées. Leur totem était comme leur nom sur la boîte à lettres ou encore leur carte de visite. Plus à l’intérieur des terres la vie était nomade ou semi nomade. On construisait alors à la va vite des tipis en peaux ou des charpentes de troncs recouvertes de nattes tissées (toutes les Indiennes étaient très fortes pour la vannerie et le tissage d’herbes très finement serrées, ou  de lamelles d’écorces d’épicéas). Selon le lieu où étaient installés les villages, on vivait de pêche ou de chasse. Mais seule la tribu des Nootka  pouvait se targuer de chasser régulièrement la baleine.

A l’époque il n’y avait pas de copyright pour les bijoux, les parures, les accessoires ou la création  artistique. Donc chacun s’inspirait un peu du voisin pour produire sa propre marque.

 A Bella Bella, petit comptoir de pêche où nous avons fait escale, nous étions en territoire Kwakiutl.  Il y avait des totems à tous les coins de rue : devant le supermarché, devant l’école, devant l’association des natives, devant l’administration sociale et j’en ai sans doute raté quelques-uns. Mais aucune trace de la sorcière des bois qui enlevait les enfants dans sa hotte et qui a donné ses lèvres pulpeuses aux sculptures kwakiutl.

Normal, Bella Bella  ne doit pas son nom  à l’histoire indienne, mais de la mode latino et à la beauté de l’écrin dans lequel elle s’est nichée il n’y a pas si longtemps que ça.

PS. Les illustrations  (sauf la dernière) sont tirées du livre « Indian Tribes of Northwest » de Reg Ashwell et David Hancock (Editions Hancock House)

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