Jeudi 5 décembre:
En face de l’île Sternbeck, une gigantesque baie s’offre à nos yeux. C’est la fin de la journée, le soleil pour qui il n’y a pas d’heure pour briller, fait miroiter la glace qui, à perte de vue, dessine de gigantesques formes fantomatiques. On se croirait dans un tableau surréaliste. D’autant que des volutes de fumées jaillissent de l’eau, qui font route vers Podorange. Une Minky Whale vient gambader autour du bateau. Elle est petite, elle joue à cache-cache avec les objectifs d’appareils-photos qui oscillent de bâbord à tribord. Mais bon sang, qu’est-ce que c’est que cette starlette d’opéra ?
Elle est en train de voler la vedette à la diva de la baie, dame Humpack (baleine à bosse) qui ne l’entendent pas de cette oreille (car elle en a une et même deux). A bord de Podorange, on s’occupe du programme musical. Des chants de baleines s’échappent des haut-parleurs du cockpit, Et les prima donne se mettent à swinguer à quelques mètres du balcon de Podorange. Escortées par des bans compacts de manchots bondissants, elles passent et repassent, lentement pour bien se faire voir. Elles se donnent en spectacles en laissant s’échapper de leurs fanons des myriades de krill et de petits poissons qui retombent dans l’eau comme des étincelles de feux d’artifices. Elles nous montrent leur bosse, leurs ailerons et même parfois leur queue noire blanche. Les spectateurs applaudissent et en redemandent. Un bis, de bis et de come-back en come-back, la soirée tire à sa fin. Vient le moment de venir faire sa révérence.
La Star s’avance alors de toute sa grâce sous le bateau, ressort la tête à quelques centimètres de la plage arrière, nous regarde un long moment. On pourrait la toucher, lui offrir un bouquet de planctons, la féliciter pour sa prestation exceptionnelle. Mais voilà que son appétit gargantuesque l’appel plus au large. Assez de digression, pour une gloire éphémère. La bouffe il n’y a que ça de vrai.
