Le grand retour du gris

Mardi 10 décembre: Changement d’ambiance ce matin… le temps est couvert et une petite brise de sud-ouest glace les os.

Au programme, un arrêt vers Emma Island, surmontée d’un petit sommet qui peut permettre du beau ski. Mais une fois au pied, force est de reconnaître que le seul lieu de débarquement possible, une sorte de langue de glace qui s’avance dans la mer, est beaucoup trop exposé pour permettre le passage d’un groupe. Il faudrait tout d’abord remonter en diagonale une pente raide de neige glacée sans bon assurage possible. Le moindre faux pas se transformerait en pendule pour terminer suspendu au-dessus de l’eau. Bref, le sommet ne vaut pas la peine de prendre de tels risques, on renonce et Podorange continue sa route vers Cuverville, avec un petit arrêt à One Harbour, une petite baie où nichent une belle colonie de manchots à jugulaire. Et le plus étonnant, c’est qu’ils nichent sur un col, à 100 mètres d’altitude, en plein vent, seul lieu où ils ont pu trouver, dans ce monde de glace, un peu de rocher pour y établir leur nid. Résultat, ils se transforment en alpinistes à chaque sortie pour aller se nourrir en mer. Une pente de neige à descendre, puis à remonter sans crampons.

Pour nous c’est l’occasion de gravir à pied le sommet qui domine la colonie.

Une pointe rocheuse culminant à 300 mètres d’altitude que nous nommerons « la pointe des bleus » (demandez à René sa source d’inspiration)

Petite journée donc, mais comme promis, un mot sur la nourriture à bord de Podorange. Difficile de la qualifier sinon « d’exceptionnelle ». Nous sommes en expédition, à 11 personnes sur un voilier, et cela pour plus de 4 semaines. Et chaque jour l’équipage donne l’impression de revenir du marché. Podorange semble disposer de puits sans fonds où s’entassent à l’infini fruits, légumes, viandes et poissons. Chaque soir c’est un émerveillement: potées, rôtis, poulets, poissons au four, gratins et j’en passe… le tout toujours excellent et accompagné de vins d’Argentine toujours soigneusement choisis. Malbec, Cabernet Sauvignon, Shiraz et autre Pinot nous régalent. Et ne croyez pas qu’à midi ce soit chiche. A chaque retour de course, pizza, tartes, quiches ou tortillas nous attendent. Une sentiment d’abondance permanent. Mais il est vrai aussi que le climat et les efforts.. ça creuse. On est désormais très loin des appétits frugaux de la traversée du Drake. Chacun a retrouvé son coup de fourchette et sans angoisse pour sa ligne. Merci en tout cas à Corinne, Brice et John pour leur remarquable cuisine de bord.

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