Voir le correctif en fin d’article
Mais où vont-ils, ces dizaines de bateaux chinois?
Depuis ce matin, ils se succèdent… à la queue leu leu… Ils ont presque tous le même nom suivi d’un numéro: Fu Yuan Yu 7629… Fu Yan Yu 7626… et ainsi de suite.
Étranges bateaux de pêche, pissant la rouille, d’un genre encore jamais vu. Pêche au calamars? Pêche à la longue ligne? Mais à quoi servent ces sortes de passerelles grillagées remontées contre les flancs du navire, lui donnant un air d’Alcatraz?
On ne sait, toujours est-il que durant trois jours nous les verrons défiler sur notre écran AIS, et encore seulement lorsque nous naviguons. Combien sont-ils? 30, 50 ou plus d’une centaine?
Tous vraisemblablement vont vers l’Atlantique pour y pratiquer une pêche industrielle dont on peut douter qu’elle soir un modèle durable. Mais nous n’en saurons pas plus, le mystère demeurera entier. Et nous retournons donc à notre navigation.
Le vent souffle fort dans le détroit de Magellan ce matin. 30 – 35 noeuds, rafales à 40. Bien plus que les 15 – 20 noeuds prévus par les fichiers météo. Il est vrai qu’il s’engouffre dans cet étroit corridor, creusant peu à peu la mer. Muni de son génois réduit à la taille d’un mouchoir de poche Chamade file à plus de 7 noeuds, surfant parfois à plus de 10. On se réalise à la barre, concentré(e) dans des glissades grisantes. Les côtes désormais purement rocheuses, d’un granit gris magnifique, défilent à grande vitesse 3 jours durant. Mais la prise du mouillage le soir reste « challenging »dans les « rachas », les rafales qui balaie les baies.
Voilà qui augure d’autres moments « stimulants » dans les jours qui viennent, puisque passé le canal Acwalisnan, nous serons sur le « menton » de la Terre de Feu. Là où les dépressions viennent s’écraser avant de se glisser sous le cap Horn désormais tout proche. Le vent y souffle en tempête un, voire deux jours sur trois. Il faudra trouver la bonne fenêtre pour contourner l’extrémité de cette Terre de Feu.
À ce jours les fichiers météo n’augurent rien de bon dans les jours qui suivent. On va donc se glisser dans la Caleta Cluedo pour y attendre au chaud. Cluedo, un joli nom pour ce jeu du chat et la souris entre Chamade et le vent patagon.
Correctif:
Il a fallu attendre d’arriver aux Malouines pour que le mystère s’éclaircisse. Et que cela nécessite un correctif :
-Ces bateaux ne sont pas chinois, mais taïwanais.
-Ils pêchent le calamar durant les mois de février à juin entre les Malouines et l’Argentine
-Une pêche qui se déclare « durable » qui serait strictement contrôlée par les autorités malouines (quotas, certification MSC, etc..) affirmation sujette à caution selon un témoignage recueilli à Stanley.
Voir l’article : « Calamars : l’or blanc des malouines »
