Makemo: souvenirs trompeurs

De Makemo nous n’avions gardé que peu de souvenirs marquants : une passe large et tranquille, un mouillage un peu clapoteux et surtout un village assez froid et claquemuré derrière ses murets.

On n’en attendait rien, la surprise fut d’autant plus grande.

D’abord la passe : alors qu’on s’y présente à l’heure prévue de l’étale, on découvre un véritable torrent qui sort du lagon. On se met donc à patienter, allant et venant au moteur juste à côté de l’entrée. On se dit que notre calcul est faux et que ça finira bien par se calmer.

Une heure et demie plus tard, les vagues semblent moins fortes et contournables… on se lance, moteur à fond. On avance à plus de 6 nœuds sur l’eau, mais on reste presque immobile, à peine ½ nœuds sur le fond. Nous allons mettre plus d’une demi-heure pour faire les quelques centaines de mètres de la passe dans un bouillonnement incroyable. Il y a pourtant une explication : c’est la grande houle de sud de 2,5 à 3 mètres qui se fracasse sur le coté sud du lagon (la passe est côté nord). Les vagues se fracassent  par-dessus le platier et remplissent l’atoll qui n’a plus que la passe pour se vider. Il n’y a donc plus de renverse de marée. Une information que nous n’avions pas captée dans notre splendide isolement à Raroia. (2 jours après, la houle de sud s’étant calmée, la passe avait retrouvé son alternance de courant entrant et sortant).

Deuxième surprise ; l’accueil. A peine sommes-nous à terre que nous sommes invités à rejoindre la « Fête des mères ». Sous la halle couverte, des dizaines de femmes sont réunies et nous voilà déjà attablés devant une bière au milieu des « Iaorana, bienvenue… », des danses et des sourires jusque derrière les oreilles.

Il nous faudra quelques minutes pour remarquer que je (Marc) suis le seul homme d’une fête qui se passe manifestement entre femmes, fort joyeuses. Les hommes jouent à la pétanque dehors ! Mais peu importe, Makemo vit… vit intensément, bien loin de nos souvenirs…

Et d’ailleurs, durant les quelques jours que nous passeront au village, partout les sourires seront là sur les lèvres, les « iaorana, bonjour » et les « bienvenue » aussi.

Le village de 700 habitants attend toujours aussi impatiamment la venue du cargo ravitailleur, mais il semble s’être « enrichi ». Les maisons quasi neuves sont nombreuses, le trafic a augmenté, voitures et surtout vélos électriques. « On a reçu beaucoup d’aide du gouvernement pour rénover les maisons… »

De quoi augurer une belle élection pour le maire qui vise une place de député aux législatives qui se tiennent justement ce samedi à Makemo.

La queue au bureau de vote

Mais sera-t-il élu ? Rien n’est moins sûr… « le maire a changé de parti… il a quitté celui du président du Pays qui est majoritaire à l’assemblée territoriale… avec ça on ne va plus recevoir autant de subvention… » déclare dépité un solide gaillard qui vient faire causette devant les affiches électorales. Il est vrai que le clientélisme règne aussi en Polynésie.

Alors… élu ? Pour le savoir, il faudra attendre le deuxième tour, le 18 juin. Mais nous n’attendrons pas… Outre un petit tour dans le lagon, d’autres surprises vont bientôt modifier le programme.

Voir aussi l’article du blog de 2014 « La balance des paiements en direct sur le quai »

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