Monde fermé, monde ouvert… Nagasaki comme une fable

Nagasaki (18-23 mai)
Même la météo semble vouloir jouer sa partition dans cette fable au moment où nous approchons de Nagasaki.

Dans la brume, sous la pluie voilà qu’apparaît Gunkenjima, en japonais « l’île-cuirassé » qui porte bien son nom sous ce ciel de plomb. Gunkenjima, monde doublement fermé. Une île-usine. Seule partie visible et émergente d’une mine de charbon dont les galeries s’enfoncent à plus de 1000 mètres sous la mer. Ouverte en 1890, exploitée par le conglomérat Mitsubishi, elle comptera à son apogée dans les années cinquante, plus de 5300 habitants (mineurs et leur famille) qui vivent ainsi dans un univers clos, à une heure de bateau de Nagasaki. Depuis l’arrêt de l’exploitation en 1974, ce « monde fermé » est fermé… l’île est inhabitée, délabrée et oubliée… jusqu’en 2012 où elle sert de décor au dernier James Bond « Skyfall ».

Nagasaki, ville-pont entre deux mondes, entre Japon et Occident.

C’est non loin de là, à Hirado que le premier contact fut établi en 1543 avec l’arrivée des navigateurs portugais. Dans leurs bagages, les missionnaires catholiques qui viennent y pêchent de nouvelles âmes et le christianisme se développe jusqu’en 1597 lorsque le shogun en prend ombrage et crucifie 26 catholiques asiatiques, avant d’interdire le christianisme en 1613, puis finalement même d’interdire tout contact entre le Japon et l’étranger en 1637.

Seule exception notoire, les marchands hollandais, protestants peu prosélytes et surtout bons commerçants, seront autorisés à conserver un comptoir à Nagasaki.
Mais un comptoir confiné sur l’île artificielle de Dejima, où seuls les sages de la ville (et quelques courtisanes !) pouvaient entrer pour y mener les échanges commerciaux.

Monde fermé durant 2 siècles, le Japon va prendre un énorme retard sur l’Occident faute d’échanges. Il faudra attendre la fin de l’ère Edo et le début de la « révolution » de l’ère Meiji dans les années 1850 pour que le Japon s’ouvre à nouveau. Et Nagasaki grâce à ses contacts maintenus avec les Hollandais va y jouer un rôle majeur, une sorte de tête de pont des avancées technologiques occidentales. La ville qui verra entre autre se développer les immenses chantiers navals Mitsubishi, toujours en action aujourd’hui.

Dejima aujourd’hui n’est plus qu’une enclave noyée dans une ville qui a largement gagné de l’espace sur la mer. Mais minutieusement reconstitué, le quartier reste un symbole, celui d’un esprit d’ouverture qui donne à Nagasaki son caractère unique.

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