Naviguer au Groenland

Nous voici donc à Aasiaat, à l’entrée de la baie de Disko. La première moitié de la remontée du Groenland est désormais derrière nous, l’occasion de partager nos premières réflexions de navigation sur cette côte ouest.

On commence par une photo de voile, mais oui ça existe, serait-on tenté de dire, au vu d’une remontée qui s’est effectuée au ¾ au moteur. Peu de vent durant tout ce mois, ce qui d’ailleurs, paraît conforme aux statistiques météo. Les dépressions passent au sud du Groenland et un calme relatif règne la plupart du temps au-dessus de 64°N. Et le peu de vent rencontré était en général juste dans l’axe de la route.

Reste que quand soleil, vent et icebergs se donnent rendez-vous, cela donne des navigations mémorables et des mines réjouies !

Les icebergs, tiens, parlons-en :

Ce n’est que par brouillard qu’ils posent problème. Et le brouillard se lève ici à n’importe quel moment, avec une soudaineté étonnante. Pour ne pas être surpris par une apparition aussi inquiétante que fascinante autant dire que le radar est bienvenu.

Quant à la visibilité des icebergs sur le radar, elle dépend de leur forme. Certains se font un malin plaisir à prendre des contours « d’avion furtif » et sont peu visibles. Mais disons qu’à 2 ou 3 milles (3 à 5 km) ils deviennent généralement détectables.

Evidemment par grand beau temps, impossible de les manquer !

Coté carte, pas de problème majeur avec nos cartes électroniques C-Map, si ce n’est, par endroit, la rareté des informations. Les sondes sont peu nombreuses, et de nombreuses zones restent non-cartographiées. Ainsi, même si une route intérieure et abritée existe, balisée partiellement de surcroît, nous n’avons pas osé l’emprunter souvent, par manque de données sur la carte. Les entrées dans de nombreux mouillages se font donc prudemment au sondeur. Mais lorsque la cartographie existe, elle est précise, et le décalage, parfois observé, ne dépasse guère les 50 mètres.

Les ports : ils sont toujours très encombrés et autant le dire tout de suite, c’est une douce anarchie qui règne. Rien n’est évidemment prévu pour les (rares) voiliers de passage, même si l’accueil est toujours charmant et bien intentionné. On s’amarre donc généralement à couple, en troisième, quatrième ou parfois cinquième position.

Et n’allez surtout pas croire qu’un chalutier apparemment désaffecté est gage de tranquillité. Soudain 2 ou 3 types arrivent et le voilà qui s’en va. Ou alors, la bouée libre qu’on vous désigne ne le sera que jusqu’au moment où un petit chalutier rentre au port et mieux vaut alors être là pour arranger l’amarrage à couple.

Il faut donc souvent assurer une permanence à bord. Tout se passe dans la gentillesse et la bonne humeur, mais sachez que les Groenlandais ne sont guère soigneux avec leurs bateaux, qu’ils mettent peu de défenses entre leurs barques et que ça frotte souvent « rugueux » !

Côté ravitaillement, pas de problème. Partout se trouve au moins un magasin subventionné « Pilersuisoq » avec un choix très correct, et dès que vous êtes dans une « ville » (plus de 2000 habitants) il y a aussi un supermarché privé. Là c’est alors « comme en Europe », les fraises ou les avocats itou.

Pour le gazoil ou l’essence, pas de problème non plus, vu le nombre de bateaux qui vont et viennent partout. Il y a toujours une pompe à quai, mais parfois ne fonctionnant qu’avec des cartes de crédits locales. Attention toutefois à la profondeur limitée (surtout à marée basse) des pontons. Et si l’aspect peut paraître un peu anachronique, ça marche parfaitement !

Quant au prix : c’est très bon marché : 72cts suisses (60cts d’€) le litre de diesel.

Pour l’eau : Là c’est moins simple. Soit on en  trouve dans les usines de poissons quand il y en a une, soit par jerrycan en allant la chercher dans les points d’eau public (petite maisonnette bleue). Mais c’est souvent assez loin et le goût de tuyau métallique toujours présent. Comme avec notre désalinisateur, dans ces eaux à 3-5°, elle a un léger goût saumâtre, il faut choisir ! A bord les avis sont partagés, et nous faisons un « mix » des deux !

Enfin dernières remarques : Si côté température, pour l’heure, elles sont d’une réelle douceur (7-15°), rappelons que le fond de l’air est frais, et qu’une simple manœuvre sans gants peu vite se terminer devant la bouche du chauffage pour y retrouver quelques sensations !

Enfin, parfois, les moustiques sont aussi de la partie. N’oubliez pas l’armada défensive !

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