Le « point culminant » de l’atoll de Raroia est sorti de l’horizon ce matin. Il était 9h40 quand nous avons pu apercevoir les sommets des cocotiers, seules « hauteurs » notables dans cet univers plat des atolls des Tuamotu. Nous en étions alors à moins de 10 kilomètres. Pas étonnant que la navigation dans cet archipel ait longtemps été considérée comme très risquée, surtout de nuit. Mais aujourd’hui, à l’époque du GPS, l’approche est beaucoup plus relaxe. Seule difficulté inchangée, les passes, ces brèches dans l’anneau de corail qui permettent de pénétrer dans le lagon. Le courant lié à la marée y est souvent démesuré, créant des vagues immobiles pouvant mettre un voilier en danger. Il faut donc les franchir au plus près de l’étale, à savoir le moment de la renverse de courant entre marée montante et descendante. Encore faut-il en connaître l’heure. Et là, faute de données précises, il faut faire une estimation. Ce matin, en arrivant devant la passe de Raroia, on est manifestement un peu trop tôt. Le courant déboule en vrai torrent à travers la passe. Et de plus, une barre de nuages et de grains masque la visibilité. On se met donc à tourner en rond devant la passe, observant les vagues à la jumelle. Vers 13:30 les vagues semblent diminuer, on s’approche prudemment puis soudain on lance le moteur pour passer en force. Il y a encore près de 4 noeuds de courant sortant, mais comme Chamade avance a 6 noeuds et demi, ça passe! 300 mètres plus loin tout est calme, reste juste à se glisser dans le lagon jusqu’au village pour y trouver un espace sans trop de patate de corail pour y jeter l’ancre. L’eau est turquoise, les cocotiers d’un vert somptueux… nous sommes aux Tuamotu!
Et comme Raroia n’est qu’un petit village de 115 habitants, le réseau internet y est encore très sommaire. C’est donc via le satellite qu’on poste cet article du blog, avec des photos très compressées.
